Buffet, 2019

L’esprit est rock, dans l’écriture, le rythme de la syntaxe, le son qui dès le premier morceau t’assène son coup électrisé ; roc aussi, dans le regard sur la vie, forgé sur nos rochers ; roc et rock dans les thèmes de révolte intérieure, de désir de crier, de bousculer les jugements trop faciles ; rock dans sa pochette à dominante noire, textes blancs surgissant de la nuit, qui ne sont d’ailleurs pas contradictoires avec la touche de couleur, de chaleur, de la photo du groupe, au milieu d’une pochette bien pensée. Bruno Claireaux, meneur d’écriture et de projet, est soutenu ici et là par des voix féminines qui apportent ainsi l’ouverture d’autres sensibilités. Du « côté noir de l’ouverture », en passant par « La fourmilière », « L’homme de la nuit » a été décapant avec « La Poule à Raoul ». N’est-ce pas « Bonhomme » ? Puis je me suis attardé sur une chanson que je me suis imaginée en forme de tableau, dans « Océan » ; « une église remplie sous un ciel bleu glacé s’est arrêtée une vie, la mort s’est arrêtée… » Une belle évocation.

Le rock n’empêche pas les sonorités plus country comme dans une « Chanson en É ». Difficile pour l’artiste de ne pas achever sur une chanson en « on », cependant : « Pour m’donner la force de dire non »… Petite pièce dans l’album qui retiendra l’attention de celui que les accents rock effraient.

Moment de pause aussi avant de poursuivre par une interprétation du groupe français « Ange… », dans « Colin Maillard » avec nappes de claviers – guitares en ouverture, appuyées par la batterie, pour aborder « Septembre », dans la recherche du bonheur : « Car il est toujours l’heure ainsi prose Baudelaire / De s’enivrer de vin, de vertu, de poésie »… Un de mes moments préférés dans ce nouvel album de Buffet.

Fougue, énergie emportent l’ensemble : « envie de partir en quête, sur un nouveau sentier / Libre, entier, cœur en fête, quelque chose à retrouver… » Tout ce qui fait que l’on ait envie, le besoin intense, de poursuivre le chemin des (em) portées…

Et pour finir, retour « country sur le passé avec le Père Lavollé, curée de 1916 à 1928 à l’Île aux Chiens… nom de Dieu ! Un petit patchwork, qui nous parle, bordel de merde… Tiens, tiens, je m’électrise. « Le côté noir » qui revient sans doute… Boucle à la volée sur une nouvelle production à bousculer les corps morts sur l’océan qui divague… Mais qui fait l’Ange, fait la bête, n’est-ce pas Pascal ?

Henri Lafitte, Chroniques musicales
9 décembre 2007

Buffet, 2019, Les Productions Buffet, 2007
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