Chronique du 16 janvier 2008 (2)

L’acceptation par toutes les parties, patronales, salariales et politiques des contraintes de mise en œuvre sérieuse d’un plan de réorganisation de l’activité au sein de l’entreprise Interpêche peut appeler une interrogation.

Alors que tous les indicateurs étaient là depuis belle lurette que l’accompagnement financier de l’Etat sans contrepartie ne pouvait durer qu’un temps, pourquoi faut-il attendre d’être au pied du mur pour en accepter l’échéance, au terme de quelques petites heures d’une superbe mise en scène de la venue du secrétaire d’Etat de l’Outre-Mer ?

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Qu’est-ce qui peut permettre de ne pas se retrouver dans la même situation dans un an, quand on se réfère aux réactions plutôt optimistes à l’ issue du conflit, y compris au niveau de la direction de l’entreprise ?

Or la filière pêche ne se résume pas à Interpêche. 2008 sera-t-il suffisant pour que l’ensemble des activités du secteur puissent être perçu d’une manière suffisamment synthétique, articulée et dynamique ? Quelles sont les pierres d’achoppement au niveau des décisions qui pourraient être prises localement ? Les quotas attribués à l’Archipel ne sont pas tous pêchés ; certes ; mais avons-nous les moyens techniques de le faire ? Les installations ont-elles besoin d’une cure de rajeunissement ?

Le message qui l’emportait était donc celui de l’accompagnement pour 90 000 euros du départ à la retraite de 6 salariés. Quels sont les projets dans les tiroirs qui pourraient permettre d’aller au-delà d’une aide renouvelée au finish pour une seule année civile ? Le secteur pêche pourra-t-il recruter demain, participer du bassin global de l’emploi, avec, à la clef, des salaires permettant, pour les intéressés, de construire de vrais projets de vie, dans un contexte de net renchérissement pour faire face à l’essentiel ? Or la mécanique enclenchée n’est guère, aujourd’hui, que l’appauvrissement progressif des forces vives.

Le défi, pour le politique, débarrassé des vaines querelles et crises d’ego, est d’autant plus grand.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 janvier 2008