Chronique du 16 janvier 2008 (3)

Saint-Pierre et Miquelon aura eu droit à la parole, un jour de grande écoute, à l’Assemblée nationale, dans la foulée du déplacement du secrétaire d’Etat à l’outre-Mer à Saint-Pierre. En ce mercredi 16 janvier 2008, jour où les débats sont retransmis en direct, ce qui donne une effervescence particulière à la vie du Palais-Bourbon, la député Annick Girardin aura pu s’interroger s’il faut attendre d’être au cœur d’une crise pour que les vrais problèmes de l’Archipel soient pris en considération. Et le secrétaire d’Etat, Christian Estrosi, de reconnaître, dans sa réponse, qu’il était en phase avec la député, même s’il se permettait de porter un coup de griffe à l’opposition du temps où, majorité, elle négociait au moins-disant avec le Canada, raccourci saisissant quand on sait que la France n’aura guère brillé dans son positionnement vis-à-vis du Canada, dans le manque de discernement quant à ses droits historiques. Reconnaissons qu’une évolution dans la prise de conscience est une bonne chose. Peut-on imaginer une France qui intègre sa présence outre-mer comme un élément constitutif de son état, induisant ainsi une approche qui ne soit pas prioritairement francilienne ?

Intéressant de noter qu’au niveau du Gouvernement on puisse toutefois aller au-delà des divergences politiques pour aborder la problématique, ce qui devrait inciter localement à plus de mesure.

Certes, l’atmosphère de campagne à nouveau électorale ne peut être que sous-jacente à certaines décisions, y compris dans le déplacement inopiné du secrétaire d’État en deux coups de cuiller à pot de confitures. À moins que la notation du ministre se fasse au nombre de kilomètres parcourus. Mais réjouissons-nous qu’on puisse établir le dialogue. Il n’est pas évident de peser sur le cours des choses quand on n’a pas d’argument majeur dans la balance. La France qui se veut être une référence dans la prise en compte de sa diversité ne peut que s’affirmer mieux en prenant en compte la complexité de sa présence éclatée, y compris en outre-mer.

Une façon comme une autre d’éviter le francilocentrisme, en quelque sorte.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 janvier 2008