Chronique du 16 janvier 2008

Christian Estrosi aura joué la sarkozyenne en décidant in petto de venir à Saint-Pierre pour sortir de l’impasse dans le conflit déclenché à l’usine Interpêche suite à l’annonce de l’interruption des aides de l’Etat à un secteur durement malmené par le retour de bâton d’une exploitation irraisonnée des fonds marins, à l’heure des dernières queues de morues, comme l’annonçait le Madelinot Pol Chantraine.

Il aura su, semble-t-il, apporter un message de mise en perspective.

La brièveté du séjour sur un problème important, mais dans un champ bien délimité, aura laissé ouvert celui plus global de l’avenir de l’Archipel. Le mouvement Cap sur l’Avenir, dans l’urgence, avait invité la population à manifester cette préoccupation en se présentant devant la préfecture. Un petit nombre de personnes aura pu répondre présent. Mais la force était dans le symbole pour que le ministre mesure bien que nous sommes sur une terre d’honneur et de travail, loin des caricatures facilement colportées.

Force est de constater que le vent qui souffle ces derrières années est plus celui de l’asservissement que celui de la liberté. Sans doute est-il temps de mettre en œuvre des projets de redéploiement crédibles en redéfinissant les méthodes de travail. N’aura-t-on pas été trop souvent bercé d’illusions ?

90 000 euros pour les départs en retraite anticipés à Interpêche auront été débloqués, ainsi que l’aide de l’Etat pour 2008 à condition qu’on mette l’année à profit pour redéfinir ce qui doit l’être dans ce secteur d’activités. La député de l’Archipel aura été invitée à raccompagner le secrétaire d’Etat en métropole, à bord du Falcon ministériel, pour poursuivre le travail de réflexion à Paris.

La méthode aura donc changé, avec une part de panache ; le secrétaire d’Etat, venu en coup de vent, aura souligné la qualité des échanges sur le terrain. Verrons-nous demain des signes réels permettant de voguer vers l’avenir toutes voiles dehors ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 janvier 2008