Heureuse initiative que celle du Centre culturel de Saint-Pierre que d’avoir fait venir un trio de jazz du Canada pour ouvrir la programmation de l’année 2008. Enfin des notes de plaisir sur le livret de l’ouverture d’un millésime plombé par la morosité.
Piano, contrebasse, batterie, le tout porté par trois musiciens de grand talent, le pianiste, Dave Restivo, établi à Toronto, le contrebassiste, Tom Easley et le batteur Mark Adam, de Nouvelle-Ecosse. Un trio de trois ans d’âge, certes, mais riche de l’expérience de chacun des musiciens, forgée dans des parcours variés, au contact de musiciens de jazz réputés ; musiciens talentueux aussi, soudés dans leur approche, généreux dans le rapport à la musique et au public, heureux d’être là ; et cela rayonnait sur la scène du Centre pour le grand bonheur de ceux qui avaient décidé de venir à leur rencontre.
La salle de théâtre se prêtait à ce partage d’émotions musicales, chaque artiste faisant preuve d’une grande sensibilité d’écriture et d’interprétation d’oeuvres essentiellement composées par les membres du trio, notamment par le pianiste. Mais The Plan du contrebassiste et A simple melody for my grandfather du batteur captaient également l’auditoire, la soirée s’achevant, avant le rappel, sur une mise en forme convaincante de Black Dog, de Led Zeppelin.
Spectacle en deux parties, dans un enchaînement des pièces donnant lieu à des ouvertures piano, contrebasse ou batterie toutes en nuances, la montée en intensité, l’oscillation dans la mise en exergue de l’un ou l’autre instrument, par des musiciens maîtres de leur art, sympathiques dans le contact avec le public. La tentation est souvent de chercher les influences ; il suffisait de se laisser porter par un trio qui dégage sans conteste sa personnalité dans une dynamique originale de la formule trio.
Se faire connaître en Europe, tel est le souhait dont me faisait part le contrebassiste à la séance dédicace du CD du groupe, paru en 2006, enregistré l’année précédente, Life in Wolfville. Saint-Pierre aura eu droit à sa part de Live enchanteur, dans un cheminement qui ne peut qu’être riche de perspectives pour un trio de cette qualité.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 janvier 2008
P.S. À noter que le nom du groupe peut porter à confusion avec le groupe de rock – ERA -.