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Chronique du 4 février 2008

Le Monde – 2 février 2008 : « La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées sont une fracture dans l’existence humaine, a déclaré le chef de l’Etat. Fracture parce que c’est l’altérité que nous ne voulons pas voir telle qu’elle est. Il est plus confortable de vivre dans l’individualisme ignorant de l’autre. La maladie d’Alzheimer exige de la solidarité et non de la résignation. »

Comment ne pas applaudir une telle mise en exergue présidentielle de la prise de conscience nécessaire. Qu’en penseras-tu demain si tu peux encore te souvenir d’hier ? Qu’en penserai-je moi-même quand je serai vieux ?

Derrière ce point de fixation d’un terrible rendez-vous avec l’humain, n’est-on pas sur les rives du rendez-vous avec l’inexorable, celui du vieillissement qui guette chacun d’entre nous ? Comment ce problème est-il pris en compte à Saint-Pierre et Miquelon ? Le dossier de la maison de retraite n’est-il pas particulièrement révélateur ?

Le sujet suscite le débat et c’est tant mieux. Aussi ai-je pu obtenir des éléments complémentaires (éclairant ainsi une perception partielle) sur la mise en demeure des familles qui ont un des leurs à la maison Eglantine. Invitées par lettre du 21 janvier 2008, signée du directeur de l’hôpital, elles auront été invitées à remplir in petto des documents de demande d’hospitalisation pour des personnes déjà résidentes, ainsi qu’à signer ce qui correspond à un véritable chèque en blanc sous la rubrique « engagement de paiement » (document joint). Comme tu le remarqueras, ô lecteur sagace, aucune somme n’est précisée. Sachant que le coût quotidien de 37,10 euros est fixé par arrêté préfectoral, quel recours auraient alors les familles dans l’hypothèse d’une revalorisation de ce coût, peut-être sous-estimé, sachant que la maison de retraite aura été jusqu’à présent intégrée dans le fonctionnement de l’hôpital, situation en voie de modification, hôpital, maison des handicapés, maison de retraite étant appelés à devenir des entités séparées avec budgets en recettes et en dépenses spécifiques ?

Par courrier du 27 janvier 2008 adressé au préfet de la Collectivité, le mouvement Archipel Demain s’est indigné de cette situation, alors que toutes les mesures de soutien aux familles ne sont pas applicables sur le territoire. « Il est vrai que le budget de l’hôpital n’a pas vocation à combler le déficit de la maison de retraite. Cependant, dans la situation économique actuelle difficile, il est inconcevable de demander un effort supplémentaire aux habitants de l’archipel », de préciser le mouvement auquel appartient le président du conseil territorial. Une prise de position d’importance, donc, mais qui mérite d’être approfondie.

On peut considérer qu’il y a trois catégories de personnes à la Maison de retraite, me faisait-on remarquer. Une première qui, ayant rencontré des difficultés (solitude du troisième âge par exemple) trouve là une bonne solution d’encadrement et de réconfort. Puis deux autres, avec, d’une part des personnes en situation de forte dépendance (invalidité, problèmes de santé…), nécessitant un suivi régulier et les personnes en fin de vie, pour lesquelles l’hospitalisation est une évidence.

Quels sont nos choix, à Saint-Pierre et Miquelon, pour notre parcours collectif ? Pour les catégories 2 et 3 n’est-on pas face à une mission de service public, au cœur des priorités de toute société qui veut s’appuyer sur un minimum de dignité ? Dans ce cas, les élus se doivent d’en être les ardents défenseurs, quelles que soient les difficultés, à commencer par celles de convaincre dans un monde qui met l’argent au cœur de toutes les références.

N’y a-t-il pas, par exemple – la mémoire de l’histoire faisant un jour défaut -, un risque de ségrégation vis-à-vis de ceux qui n’auraient pas les moyens de payer ? Comment concevoir un système reposant sur le rappel de l’obligation alimentaire alors que les revenus des anciens de demain risquent fort d’être menacés ? N’assistera-t-on pas, à une époque de familles éclatées hors les îles, à de véritables drames humains ?

En ce sens, il est temps de surmonter les clivages intestinaux et de mettre en oeuvre une véritable dynamique solidaire. On dépasse alors le cadre d’échéanciers administrativement subis pour un véritable choix de communauté fière de ses couleurs.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 février 2008

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En complément – 4 février 2008 – Chacun aura pu entendre, sur les ondes radio du journal RFO de 12h30, le 4 février 2008, que le directeur du Centre hospitalier François Dunan aura décidé de porter plainte contre le président du Conseil d’administration, suite à l’intervention télévisée de celui-ci, du 29 janvier. C’est donc la justice qui tranchera entre les deux positions portées à la connaissance du public quant à la gestion du dossier des pensionnaires de la maison de retraite.