Chronique du 8 avril 2008

L’os s’élève dans les airs et devient vaisseau spatial. Ainsi s’ouvre « 2001, l’Odyssée de l’Espace » de Stanley Kubrick. « La force de cette scène se trouve précisément dans l’ellipse que le réalisateur choisit d’opérer. Ainsi pour Kubrick les millions d’années d’évolution de l’homme ne représentent qu’une fraction de seconde », peut-on lire dans une analyse judicieuse sur wikipedia.fr.

Curieux comme je me souviens de l’impact de ce film que je découvrais en 1969, à Paris, lâché pour la première fois dans un nouvel espace, pris, à mon tour, dans une transition immédiate.

Pourquoi pensé-je à ces images en m’interrogeant sur l’agitation autour de la flamme olympique ? Est-ce par ce que j’en ressens de dérisoire dans le parcours de l’humanité ? Qu’avons-nous donc appris depuis l’aube des temps ? En quoi avons-nous évolué ? Pauvre porte-parole du gouvernement pour qui « L’idéal olympique a été un peu pris en otage hier ». Pourquoi en sommes-nous toujours là, pas plus avancés dans la lutte des origines pour un premier point d’eau. Ne sommes-nous pas, condamnés à assumer notre sort d’humains, toujours « à la recherche du bien et du mal », comme le souligne Axel Kahn dans son ouvrage en forme de dialogue avec Christian Godin, philosophe, intitulé « L’Homme, le Bien, le Mal » ? Comment en effet « se référer à des règles morales à vocation universelle » pour « émerger » de notre « animalité » ?

Le « gardien de la révolution » éteignant la flamme dans les bras de David Douillet m’a paru soudain bien ridicule, pauvre petit bleu dans la spirale de l’incontrôlable.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 avril 2008

Réf. Axel Kahn et Christian Godin, L’homme, le bien, le mal, Stock, 2008