« Le vol d’Air Saint-Pierre se termine à la porte… » Et l’oreille de se tendre à l’accent enchanteur de notre ami Sam, fort de sa grande carcasse, de sa longue expérience, de sa bonhomie et de sa gentillesse.
Je me revois jeune étudiant fauché au retour de ma première année en métropole. C’était au siècle dernier. Direction Sydney pour prendre le DC3 qui devait nous ramener à Saint-Pierre, « Captain Gibson » aux commandes. Bancs de brume, aller – retour sur Sydney. Il fallait se loger. Et Sam de m’avancer quelques dollars. Le temps de la VISA n’était pas encore concevable. Mais l’entraide était au rendez-vous.
Camille et Sam, deux frères qui auront accompagné l’histoire d’Air Saint-Pierre, à Sydney, puis Halifax, pour Sam. Deux grandes figures de l’Archipel, dans la gageure du désenclavement toujours délicat.
Sam Goora, chef d’escale pour Air Saint-Pierre en Nouvelle-Ecosse, vient de décéder. Que de services rendus pour pallier les aléas des transports ! Oui, il aura aussi connu les nettes avancées jusqu’à la desserte d’aujourd’hui, fiable dans l’agenda, quel que soit le temps. Car il faut aujourd’hui un sacré coup d’tabac pour que le vol d’Air Saint-Pierre ne soit pas assuré. Alors il aura bien mérité de souffler et de transmettre le flambeau.
À m’imaginer croyant, je le verrais bien avec de grandes ailes, notre Sam. Avec nos couleurs, bien entendu.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 avril 2008