Henri Tachan, De la pluie et du beau temps

Ça décoiffe d’entrée avec du (minor) swing majeur. « J’vends du vent ! », premier titre du dernier album d’Henri Tachan que j’affectionne, un de mes ACI (auteur-compositeur-interprète) de référence depuis « Fais une pipe à pépé »… Je vieillis, penses-tu ? Non, je déconne. Mais Henri Tachan me déride (les fossettes). Il m’enchante, une fois de plus. Si d’aventure l’on s’encroûte, Tachan nous recadre le tableau. Vend-il du vent ? « J’vends du vent / De vraies tempêtes / J’vends du vent / C’est Dieu qui pète »…

La deuxième chanson donne le titre à l’album « De la pluie et du beau temps ». C’est vrai ça, « on se plaint toujours du temps qu’il va faire… » Qui a écrit ces mots déjà ? Filiation télépatante.

Allez, je ne vais pas te passer en revue les… dix-huit titres. Copieux, n’est-il pas vrai ? Mon clavier me fait signe ; il a droit à du repos, lui aussi. Pour peu que sarkozysé il me réclame des heures sup ! (Ta langue n’a pas fourché sur sarkozysé ? Non ? L’avenir t’attend) Quoi qu’il en soit, « Dansons, petits humains / Jusqu’à l’Aurore (…) Dansons, main dans la main / Avec la mort ». Une troisième chanson qui interpelle, vois-tu, dans la recherche du sens que l’on se donne à la vie. C’est con, mais pour ma part, j’aime à t’écrire, qui que tu sois. « Quand la chanson est bonne / Y a pas besoin d’en faire des tonnes ». Henri Tachan sait recadrer la place de l’artiste. « Quand la chanson est bonne / Eh ben tu la fredonnes / Et ça suffit hein ». À quoi sert la chanson, que je t’en cause quand le temps m’en donne l’envie (ou que l’envie m’en donne le temps, comme tu préfères) ?

On n’est pas dans un monde facile, comme tu le sais. C’est noir ou blanc ? Noir et blanc ? « Connais-tu l’heure de gloire / De ce dictateur vil / Où ses généraux noirs / Égorgent les civils / Heureusement, heureusement / Il y a l’heure des mamans ». Raccourci saisissant, n’est-il pas vrai ?

« Quand la chanson est bonne / Y a pas besoin d’en faire des tonnes », disions-nous plus haut. Eh bien, en voilà une très bonne avec « J’aime pas l’bateau j’aime pas l’avion », que j’aimerais à te citer intégralement, tellement elle est fichtrement bien tournée. Alors hop ! Je l’ajoute dans le réceptacle de mes favorites.

Henri Tachan manie l’art de la rime, du mot évocateur, de la trouvaille juste, de l’air que l’on retient, que l’on se fredonne et refredonne. Autre belle chanson que « L’institutriste ». Place à un petit air jazzy avec « Moquette blues – Éloge de la politesse) : « Si tu m’offres, en guise de fleurs / Trois sourires et quatre fleurs / De sous-bois / Alors mets-toi bien à l’aise / Loin des puissants qui nous baisent / Tu es chez toi ». Et ça swingue, et ça valdingue dans « Cher Henri », un texte qui mérite écoute et réécoute.

Allez, je te le l’ai dit, je ne vais tout passer en revue, des fois que tu serais pressé. Aujourd’hui l’on zappe comme l’on pète. Et puis, un chroniqueur n’est-il pas comme un artiste ? Tempête de mots sur l’océan du provisoire. C’est fou comme Tachan m’a cocotte-minuté les neurones. Comme « quand j’étais jeune », la 15/18è chanson. « La vie est dure… Comme disait Jane à son Tarzan… »… (chanson suivante). « Face de rat » ? J’oserais pas… « Écoutez-moi »… « De vous à moi / Puisque la Terre est morose / Permettez-moi / De vous parler d’autre chose ». Le CD est fini.

C’est quand la dernière fois que tu as causé « De la pluie et du beau temps » ?

Henri Lafitte, Chroniques musicales
4 mai 2008

Henri Tachan, De la pluie et du beau temps – O+ Music – 2007