Chronique du 21 juin 2008

C’est con de se dire que l’on a des réflexes en quête d’assurance et de bonheur particuliers, comme celui de plonger le pif dans une revue sortie de son enveloppe à bulle. Chorus, c’était pour moi ce premier contact olfactif ! Comportement bizarre me diras-tu pour un passionné de chansons ! Eh oui ! Il est des attitudes inexplicables !

Le dernier Chorus est arrivé, juste avant cette date du 21 qui marque le sas des saisons. Mais l’odeur n’y était plus. Etrange, me suis-je dit. Etait-ce dû au contenant plastifié, cette fois ? Au changement de lieu d’impression ? Fini Douains. ; place à Ambrières-les-Vallées. Probable. Changement d’imprimeur, changement de propriétaire aussi, Car Fred et Mauricette Hidalgo ont passé la main de la direction financière en vendant leur écrin à Millénaire Presse, éditeur de La Scène et de La Lettre du Spectacle. Nouveau directeur de publication donc. Fred et Mauricette restent dans le navire pourtant, chargés de la maquette, du contenu… Le fil conducteur ne sera pas perdu. Mais il fallait trouver une solution pour échapper à la tourmente des incertitudes de la finance, dans un monde qui tourmente l’écrit.

Albert Weber, un des journalistes de l’équipe, fervent de Saint-Pierre et Miquelon, m’avait prévenu le 30 mai 2008 en me branchant sur un article paru dans Le Monde, pour relater l’événement. Puis j’ai attendu, curieux de recevoir le prochain numéro sous ses nouveaux auspices. Et j’ai lu l’édito de Fred Hidalgo, entre espoir et nostalgie, entre regard sur le passé et volonté de témoigner encore pour la chanson qui le respire. (oui, lecteur, je suis conscient de mon anomalie grammaticale) : « le jour se lève encore », titre-t-il. « On continue,oui, tous ensemble embarqués dans le même vaisseau », conclut-il, dans un choix de changement dans la continuité.. « Après nous », donc, « mais avec nous d’abord… ». Difficile d’être insensible à cette annonce de… l’après.

Chorus poursuit son chemin. « Je suis épaté… que ça dure ! », de confier Francis Cabrel interrogé dans ce même numéro sur son succès d’artiste. Comment ne pas l’être d’une démarche aussi originale en faveur de la chanson que celle initiée par le couple capitaine d’un trimestriel voué aux notes et aux mots qui touchent l’âme, au fil du temps ?

Espoir et nostalgie entremêlés, dans mon approche de lecteur insulaire, un jour de fête de la musique qui n’aura pas vraiment eu lieu à Saint-Pierre, 25è édition des 25 kilomètres de Miquelon oblige.

Mais les rêves peuvent encore… courir et chanter.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 juin 2008