Photo JC L'espagnol - 2006

Steve Normandin à la Butte

– J’ai commencé tout enfant avec un accordéon diatonique, puis je me suis mis à l’accordéon piano à l’adolescence, parce qu’au Québec c’est le type d’instrument qui nous parvenait d’Italie via New York…

4 juin 2008, 21 heures. Steve Normandin est assis avec le public, répondant aux questions, captivant l’auditoire, détendu, heureux, disponible, passionnant. Quelques minutes auparavant, il quittait la scène, achevant avec maestria un spectacle qui nous avait tous transportés, dans l’ambiance intimiste de la Butte.

  Ah ! Que la salle des Oiseaux de passage de monsieur Jobin nous manque, me confie-t-il. Car nous venions d’établir le lien avec nos sensibilités communes dans la rencontre chansonnière entre Saint-Pierre et Miquelon et Québec. Je suis encore retourné de la chanson finale a capella, « Mais si je n’ai rien », de Bernard Dimey et Francis Lai, celle qu’il avait décidé de présenter au public en ouverture de deuxième partie au Bellevue, lors des Musicales atlantiques de 2001. Le public avait dès lors était conquis.

Car Steve Normandin nous aura livré à nouveau un spectacle d’une grande intensité, accordéon en bandoulière, ou assis au piano demi-queue du cabaret d’isabelle et Thierry, dans un choix de chansons tour à tour tendres, enjouées, fortes d’émotions, évoquant ici des scènes de la vie au Québec – dans « les pimbinas », là le parcours plus personnel de l’artiste, dans une écriture riche d’évocations. Nous sommes là, ébahis, subjugués. Quel brio dans la façon de chanter des textes qui en feraient chuter plus d’un et qu’il nous livre avec délectation ! Non, monsieur, il n’est pas « à côté de la track », ça je peux te le dire. L’artiste est extraordinairement présent. Pas besoin de micro. Il est au contact direct du public, faisant en sorte d’être auprès de chacun. J’observe les visages ravis de ce moment privilégié que l’on voudrait faire durer, encore et encore… Car l’humour est aussi au rendez-vous du soir, voire même l’auto-dérision. La joie, la passion, le bonheur, sont omniprésents. Et, cerise sur le gâteau aux fruits, au piano, à l’accordéon, il joue de mains (le pluriel s’impose) de maître.

Steve Normandin fait partie de ces grands ciseleurs, colporteurs de poésie nourrie par nombre de voix, y compris d’avant-guerre, n’hésitant pas à nous faire le plaisir de redonner vie à des textes qui n’ont rien perdu de leur saveur. Monsieur Browning ! Un régal. Je suis au comble du bonheur à l’entendre interpréter « le zoo » de Bernard Dimey, mis en musique par l’ami Jehan, deux autres grands de la chanson. Steve a aussi le regard décapant, dans ses interprétations et ses propres textes sur nos cheminements humains.

Le spectacle est terminé, Steve est encore disponible. Mais c’est que si l’on poussait un peu, il se remettrait à chanter, le bougre ! Allez ! Et si l’on parlait accordéon…

Photo JC L'espagnol - 2006

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 mai 2008

Photo d’archives – Jean-Christophe L’Espagnol – 2006