Chronique du 16 septembre 2008

2004, la vérité était en tête de mât, la desserte maritime était garantie, les coûts étant… connus et maîtrisés. Du moins l’affirmait-on.

2008, où se trouve la vérité ? D’où vient sa réécriture ? Entre quelles Pyrénées, la délimitant dans l’en deçà, déportant ainsi la tromperie vers l’au-delà ?

À défaut de desserte, on aura eu droit le 15 septembre 2008 à un nouveau plateau, télévisé, bien sûr, du préfet interrogé sur fond de fourchette des possibles et de couteaux tirés. L’heure était aux prémisses des futures suites judiciaires, chaque mot étant pesé, dans ce grand théâtre, chaque pièce du dossier étant le filigrane d’une autre mise en scène. Saluons l’effort de la journaliste pour éclairer nos esgourdes dans cet univers de son et lumière.

Pas question de céder à des groupes de pression, aura-t-on compris ; problématique des hausses futures en suspens ; coup de projecteur sur des marges intermédiaires qui gonfleraient les prix, dans l’insondable du non-dit, l’estocade du suggéré. S’instillent alors d’autres doutes. Pourquoi découvre-t-on soudain que les transporteurs étaient aussi importateurs ? Y a-t-il là une donnée nouvelle ? Le point de rupture serait-il affaire de proportions dont les repères auraient été perdus ?

Pendant ce temps, l’urgence est manifeste (sans connaissement) ; étals qui se vident, archipel privé de produits frais, palliatifs exaspérants, sensation alourdie de décrépitude, alors que le ciel bas et lourd aura pesé trop longtemps comme un couvercle, comme aurait dit un poète.

Une déchéance est donc annoncée, dans la spirale de la décrépitude. L’affamé se consolera en regardant des légumes se crêper les feuilles.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 septembre 2008