Comme on pouvait le subodorer, sans flair particulier, les insinuations formulées par le préfet sur le plateau télévisé de RFO, le 15 septembre 2008, quant aux marges abusives dans le commerce, ont provoqué un émoi inflationniste. Marge des importateurs ? Marge des grossistes ? Marge des distributeurs ? À formulation vague et large, sensation d’attaque non marginale généralisée.
Ne risque-t-on pas dans la mêlée un méli-mélo dans l’oubli de l’essentiel : comment garantir une desserte de qualité tant en ce qui concerne Saint-Pierre que Miquelon ? Pour avoir brûlé ce qui était hier, on s’émeut des licenciements à venir ; s’est-on ému des licenciements d’alors ? -, les responsables ne croyaient-ils pas avoir trouvé en 2004 l’axe idéal, un transport assumé par des importateurs avec l’appui de l’Etat ? Difficile de comprendre ce qui a fait basculer ce système où chacun croyait y trouver son compte.
À noter que les quelques réactions médiatiques des parties directement impliquées, tant télévisées que radiodiffusées, cachent difficilement le silence du plus grand nombre. Certes, l’on focalise pour l’instant sur l’intervention du préfet, nouvellement arrivé sur l’Archipel ; peut-être faudra-t-il s’interroger plus profondément sur ce qui aura cloché pour que sonne le tocsin, dans un contexte de mécontentement accru devant les étals.
À quoi donc auront pu servir toutes les études chargées d’éclairer les décideurs ? Aujourd’hui, le contrat entre l’Etat et la société Alliance est officiellement rompu. Des rotations avec Halifax sont annoncées pour la semaine prochaine avec un autre transporteur. Mais beaucoup reste à faire pour clarifier la situation, asseoir un système fiable et acceptable, surmonter les pertes et le manque à gagner, éviter de fragiliser davantage les entreprises, rasséréner l’ensemble des acteurs de ce qui subsiste de la vie économique.
Car la déchéance, par delà une décision administrative, peut relever d’un tout autre constat, bien peu reluisant.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 septembre 2008