Chronique du 19 septembre 2008

Saint-Pierre avait revêtu ce 19 septembre 2008 son costume le plus attrayant dans ses moires bleutés d’une mer chatoyante ondulant paresseusement sous un ciel azuré. Et je cheminais serein, faisant gaffe toutefois où je mettais les pieds, les pavés de la Pointe aux canons pouvant vous garantir une entorse, certes remboursée par la sécurité sociale, mais nonobstant handicapante. Je sifflotais donc heureux, accompagnant les mouettes nonchalantes aux alentours d’une usine de pêche en latence.

Je reluquai au loin, le long d’un quai en décrépitude – celui de l’eau profonde d’un redéploiement en déshérence -, un pétrolier.

Chouette, me suis-je dit, le prix du fuel devrait baisser, vu la dégringolade du prix du Brent, « le baril de “light sweet crude” pour livraison en octobre » ayant « fini vendredi à 104,55 dollars », comme je le vérifiai auprès de l’AFP.

Et je poursuivis ma marche dans l’insouciance des illusions de l’été indien.

Mais l’insouciance est souvent de courte durée, la même dépêche m’apprenant que le même light sweet crude – redis-moi ce mot doux – avait bondi de 4,42 dollars pour la livraison en novembre.

Mais qu’en était-il en septembre ?

J’ai raccroché mes grolles en voyant l’Archipel et sa ZEE, comme une pompe à pétrole en haut de son tuyau dans la méconnaissance et l’indifférence du pouvoir parisien.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 septembre 2008