Chronique du 1er octobre 2008 (2)

Cocorico ! Les caisses ne sont pas vides. L’État français est venu au secours de l’assureur franco-belge Dexia. C’est donc qu’il y avait une marge de manœuvre. À part ça, on ne nous en aura pas mis plein les mirettes depuis la venue aux manettes de Nicolas Sarkozy. C’est la Caisse des dépôts qui interviendra suite aux consignes. François Fillon, quant à lui, continuera comme si de rien n’était. Comme sur du papier à musique, en quelque sorte. Mais qui peut se protéger du chant des sirènes ?

« La situation a changé, nous dit-on. Tiens donc. C’est fou ce que la vérité de la veille peut se retrouver du jour au lendemain dans un cul de basse fosse, les seigneurs à l’abri, au château, naturellement. Manque de bol ! L’argent ne manquerait pas ; mais personne ne veut plus prêter. C’est la panique chez les morpions du pèze, les puissants d’hier. Elles stressent vite, ces bêtes-là. Bref, le monde entier faisait l’amour avec une ogresse en or et celle-ci s’est volatilisée, telle une évanescence, dans l’intersidéral. 5000 milliards de dollars auraient fondu sur les marchés boursiers américains, de nous rappeler Mediapart. T’as pas cent balles ? demandait-on autrefois à un pote généreux, faute de pouvoir amadouer son banquier. Vous n’auriez pas un petit milliard d’euros ? de quémander ceux de la haute.

Curieux retour de situation : pour réguler le marché libéré…, on nationalise. Et notre Nicolas, le petit tsar – ou la petite star, comme tu préfères – de se transformer en petit père des peuples. Viendra un jour où il soupirera : « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? » Qui sait ? « Je te propose le temps des cerises », chante Carla Bruni dans « le temps perdu ». « Comme si de rien n’était », bien sûr. Certes, le pouvoir d’achat est passé depuis lors par pertes et profits…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 septembre 2008