Chronique du 1er octobre 2008

Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, d’écrire Nicolas Boileau en son temps ; pas question de faire tapisserie pour nos parlementaires en ce mois de septembre 2008 ; l’obstination paie ; Annick Girardin, député de Saint-Pierre et Miquelon, se sera particulièrement mobilisée sur le sujet ; le Secrétariat d’Etat à l’Outre-Mer a décrété un moratoire sur l’augmentation des tarifs de fret maritime, dans l’attente d’une remise à flot d’un dispositif qui satisfasse les parties, d’ici le 1er janvier 2009.

Certes l’on pourra toujours méditer sur cette obstination franco-française à s’enferrer dans la crise avant d’entamer une approche raisonnée. Les dégâts collatéraux à l’échelle de l’archipel ne pourront que s’en faire ressentir sur la durée. Mais la sagesse a ses raisons que la déraison perturbe.

Sans doute faut-il sortir des remèdes de cheval post-traumatiques risquant fort d’achever la bête. S’en tenir par ailleurs à un jeu de rôles n’aboutit qu’à un réveil douloureux au lendemain de tout jeu de dupes. Ainsi en aura-t-il été d’un passé proche. Car il n’est point de desserte gravée dans le marbre sans une vraie mise à plat. Que l’on ne pédale plus dans le yaourt au prix de la denrée importée. Vive les nouilles abordables et le petit lait à prix cassé. Que l’on puisse savourer un président ou un rustique sans surenchère. Que la causeuse des rêves devant la télé coûte moins cher que le derche de l’insouciant. Que la chaîne du froid bien maîtrisée réchauffe les cœurs. Qu’un jeudi ne soit plus vendredi. Qu’on ait enfin un bon fret sans pour autant perdre la tête !

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 septembre 2008