Chronique du 25 octobre 2008 (3)

Les bourses continuent leur plongeon ; l’activisme de Nicolas Sarkozy n’a été que poudre aux yeux… en France. Car la réalité est autre : les solutions mises en exergue ne sont-elles pas venues d’Angleterre, d’Espagne, d’Allemagne ? À moins que si tout foire, par effet boomerang, l’échec du Mur de l’Argent ne revienne en plein poire à la face de notre président. Oui, reconnaissons-le, notre Nicolas a joué son rôle en tenant le langage inverse de celui qu’il tenait hier. Le voilà défenseur de l’Etat, pourfendeur du capitalisme néo-libéral ! Fichtre ! Nicolas Sarkozy, synthèse sur pied de Karl Marx et de Georges Bush ? Admettons-le, il est des coqs moins gaulois. Exit la confiance dans les marchés libérés. Être une femme libérée oui, avoir les bourses libres, non. Bon, je l’admets, c’est un raccourci.

À ce rythme caméléonesque, gageons que notre Nicolas Sarkozy sera encore au pouvoir dans plusieurs lunes, meilleur que Dieu et sa Sainte Trinité, car tout simplement Lui et son contraire. La France n’est-elle pas pays de vaudevilles ? D’ici à ce qu’il devienne anti-américain… Il soutenait les prêts hypothécaires ? Les banques françaises ne l’ont pas suivi et c’est ce qui aura sauvé les meubles en France jusqu’à aujourd’hui.

Mais la récession est là. Or le temps n’est pas si loin où Christine Lagarde, ministre de l’économie, nous garantissait dans l’euphorie de l’activisme présidentiel, et malgré les clignotants rouges, antérieurs au krach boursier, une croissance à plus de 2%. Les sceptiques étaient renvoyés illico dans la fosse ; la Vérité ne souffrait point de remise en cause. Le Président n’était-il pas le maître suprême ? Cette fois, c’est parti, les licenciements seront massifs, y compris en France. L’OPEP a beau fermer quelques vannes, l’or noir poursuit sa dégringolade, l’industrie s’enfonce dans le gouffre des illusions planétaires qui implosent. Et les plans sociaux succèdent aux plans sociaux.

L’heure n’est certes plus aux fanfaronnades. La récession ne devait pas nous toucher ; elle est là. 2009 sera fort probablement une année difficile, dans un retour à un monde victime d’une financiarisation de l’économie.

Ah ! Ça ira, ça ira… ! Que cette incantation peut évoquer des moments de l’Histoire terriblement opposés !

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 octobre 2008