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Chronique du 26 octobre 2008

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Chacun promène ses paysages. Les miens sont de moraines, bruyères rougies d’un fauvisme d’automne, roches dynamitées par les tourments d’Eole, havres de galets entre promontoires burinés par une mer d’ocre, troncs gris décharnés, tourbières, silhouettes solitaires disséminées avides de poésie. Ainsi ai-je flâné de découvertes en sous-bois par ce dimanche d’octobre, dans un enchantement nordique. Plus d’échos de la ville, plus de ces soubresauts de phrases vaines, miennes y compris. Chuintement de brise de suète entre les broussailles, le silence soudain, puis le chant limpide d’un cours d’eau.

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Ainsi cherche-t-on l’apaisement loin de l’effervescence. Ici point de voitures ; mais glissant sur la houle, un esquif porté par la voilure entre une Vierge phare sur son socle accrochée et le roc aux oiseaux, colombier séculaire depuis l’aube des découvertes. Pied à terre pour pêcheurs autochtones d’antan du voisinage, venus d’une côte se dessinant à grands traits sur la toile d’un maître qui n’en finit plus d’ajouter quelque touche à vous ravir encore.

Puis retour sur Saint-Pierre, pierres qui roulent sous les pas, effluves de l’incinérateur que rabat sur la ville la brise d’orient d’un charme qui se brise. Pourtant, une voile encore entre rêve et brisure. Et le rythme des moteurs qui reprend le dessus.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 octobre 2008