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Alexandra Hernandez, Ma tranqu’île

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Que je t’invite à une rencontre, ô lecteur à l’écoute en latence, chemin flânant, vers une écriture féminine. Pour une découverte d’une « Belle de nuit » en quelque sorte, sur quelques notes de contrebasse à la scansion enveloppante. Premier CD d’Alexandra Hernandez que j’attendais sur mes plages de galets, dans le plaisir de la rêverie. Jeune pétrie de musique que j’aurais entendue dans ses premières notes dans un bar à Saint-Pierre, partie depuis à Montréal, en France désormais et qui aura franchi tant d’étapes pour forger l’expression musicale d’une belle sensibilité. Celle-ci rayonne dans la voix de l’artiste soutenue par des musiciens qui l’auront dans cette aventure fort bien entourée, pour une autre approche d’une auteur-compositeur-interprète que l’on peut aussi savourer goulûment quand elle se présente seule sur scène.

Mais il s’agit ici d’une démarche de studio pour un projet abouti. L’écriture s’ourle de volutes d’accordéon, de violon ou de guitares, tempo appuyé par la batterie. L’album aura été enregistré à Toulouse. Nostalgie d’île, sentiers d’Histoire, dans le lien avec l’Acadie, parcours de femme, sous le regard de la jeunesse qui mâture. J’aime ce renouvellement de fil conducteur identitaire, je te l’avoue. Porte ouverte vers ces déchirures qui jamais ne se pansent dans les congères de l’écriture. Comme sur la photo de première de couverture de Jean-Christophe L’Espagnol. « Tout au bout de ma France mon souvenir se tait …Mes amis sont si loin… »

Et je me laisse emporter par le rythme country de « Ma Tranqu’île ». Alexandra Hernandez, originaire de Saint-Pierre et Miquelon, n’est-elle pas l’expression de cet arrachement d’aujourd’hui de jeunes de plus en plus contraints de s’expatrier, d’une sérénité… restée sur le Caillou ? L’île est tranquille ; qu’en est-il des rêves ? ‘L’écriture est ancrée au pays, même lorsqu’on se trouve « à table » pour jouir d’un « croquignol ». La route est prise pour quelle destinée ? Celle d’un art qui vous prend pour vous déposer qui sait où ? L’artiste échappe à la roche d’origine et sculpte déjà son œuvre, d’un tour de main réussi. Clin d’œil amusé d’ « une femme à prendre »., « à contre-temps »…, dans l’air du temps ? Fantaisie de la vie, sourire bienvenu à l’existence, regard universel… Belle d’humour. Allons enfants de la patrie… L’oscillation est perpétuelle entre aujourd’hui et hier. La nostalgie torture la voie de l’avenir dans « la lettre du Pays ». Mais la vie est aussi le rapport aux autres écritures comme dans la chanson d’après un roman de Philippe Delerm.

Ainsi assiste-t-on à l’émergence d’une poésie qui se renouvelle, corps et femme, pour nous emporter jusqu’aux frontières troublantes de l’impressionnisme de l’Adieu « au vent léger d’un mois d’Avril. »

Henri Lafitte, Chroniques musicales
8 novembre 2008

Alexandra Hernandez, Ma Tranqu’île, 2008

Disponible à Saint-Pierre et Miquelon chez Infotec – en France, à la FNAC de Pau et de Bordeaux, au Centre Leclerc de Dax et de Mont-de-Marsan

Site internet d’Alexandra Hernandez