Chronique du 17 novembre 2008

« Les besoins humains ne sont pas seulement économiques et techniques, mais aussi affectifs et mythologiques » écrit Edgar Morin, philosophe, dans une analyse à destination de la gauche parue le vendredi 14 novembre 2008 sur le site amateur-idees.fr.

Et c’est fort probablement là qu’un secrétaire d’État à l’Outre-Mer comme Yves Jégo se sera trompé, dans sa relation aux différentes collectivités qu’il aura visitées au cours de l’année 2008. La condescendance affichée, la certitude assenée, la férule de la leçon imposée auront eu raison de sa crédibilité, atteinte car fondamentalement méprisante à l’égard de l’Histoire ultramarine. Le respect de ces cheminements extra-hexagonaux est la condition sine qua non de la reconnaissance, même si ce n’est plus une attitude suffisante. Trop longtemps n’avons-nous pas souffert des flatteries faciles ?

La recherche du redéploiement économique induit ses contraintes ; elle ne doit pas oublier l’âme identitaire de chaque entité. Mais le risque de mésestimer cette dimension existentielle n’est pas le seul fait d’un visiteur d’opérette. Il est en notre sein même, d’où l’impérieuse nécessité de réfléchir au sens de notre destinée. Il ne suffit pas de jouer les effarouchés. Les fondamentaux d’hier sont-ils ressentis de la même manière par ceux qui assureront la relève ? Quel est le fil conducteur de ce qui nous unit ? En quoi nous identifions-nous ? Quelle est notre dimension archipellienne dans un monde interconnecté ? Quelle culture portons-nous pour nous affirmer avec fierté dans la relation avec la diversité humaine ?

Curieux comme le hasard aura fait converger mon regard vers des échouages et des cabestans enlevés dans le fond du Barachois, en ce dimanche gris et brumeux de novembre et la lecture de ce texte d’Edgar Morin. « De même qu’il faut établir une communication vivante et permanente entre passé, présent, futur, de même il faut établir une communication vivante et permanente entre les singularités culturelles, ethniques, nationales et l’univers concret d’une terre patrie de tous », d’écrire le philosophe. Enjeu de taille qui permet de ne pas se noyer dans le flot tumultueux de l’événementiel.

L’analyse d’Edgar Morin s’achève sur la notion de « redresseurs d’espérance ». Tout un programme, en vérité.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 novembre 2008

Référence : http://www.amateur-idees.fr/Edgar-Morin-ecrit-a-Segolene.html

Lien direct vers l’article d’Edgar Morin