Chronique du 2 novembre 2008

Il est des drames qui jalonnent l’histoire des communautés. Le suicide par absorption de médicaments de monsieur Philippe Laurent, le 30 juillet 2002, alors qu’il était en détention provisoire à la maison d’arrêt de Saint-Pierre et Miquelon, dans le cadre d’une procédure judiciaire qui n’était pas encore allée jusqu’à son terme, a laissé des traces particulièrement douloureuses.

Drame humain également dans ce qui précède ce geste ultime de désespoir, qui se solde lui aussi par une mort d’homme, laissant le non-initié devant l’immensité des interrogations. La justice ne devait-elle pas suivre son cours ?

Le père de Philippe Laurent aura attaqué l’État pour le préjudice subi, du fait du décès de son fils – monsieur Philippe Laurent ayant pu entreposer des médicaments sans que personne ne s’en aperçoive, alors qu’il souffrait d’un « syndrome dépressif » qui nécessitait une attention particulière -, démarche qui avait été rejetée par le tribunal administratif de Saint-Pierre et Miquelon le 12 juin 2007.

La cour administrative d’appel de Bordeaux, en juillet 2008, aura tranché en faveur du plaignant, la décision du tribunal administratif étant annulée, l’État devant verser une somme de 15 000 euros « en réparation de son préjudice », considérant que « l’administration pénitentiaire a commis des fautes qui sont de nature à engager la responsabilité de l’État à l’égard des ayants droit de la victime. »

Informé par la famille ce 2 novembre 2008, je tenais à déposer ces quelques mots à la mémoire de ces souffrances humaines dont nous ne pouvons être juges. L’humilité incite au respect.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 novembre 2008