Georges Chelon, Olympia 2008 – en DVD

Je t’écris, ô lecteur, une lettre ouverte sur la chaleur du Verbe, de la chanson et de la voix. Pour le temps d’un spectacle, renouvelé par la magie du DVD. Olympia, 31 janvier 2008 ; sur la scène, Georges Chelon. Scène, son, lumière, tout converge pour trente textes d’enchantement. Premières inspirations du temps du Père prodigue ; textes récents, en deuxième partie surtout, humour, tendresse, chansons coquines, regard sur la vie, le monde, sur nous aujourd’hui, sur nous demain. Me voilà requinqué, enthousiaste, heureux à l’écoute d’un artiste aussi accompli qui aura fait son parcours en-dehors des lumières de l’ordinaire. Poésie, la sienne, poésie de Baudelaire aussi pour une nouvelle mise en forme musicale. La réussite, le ton juste, toujours. C’est qu’il rayonne d’affectif dans l’accomplissement de son métier, cet homme que l’on voudrait rencontrer, tant on se laisse porter par la profondeur de sa philosophie, de son humanisme. Le voir à Saint-Pierre et Miquelon, un jour, avec ses musiciens ? Un tel spectacle vous envoûte, vous convainc.

Du clin d’œil d’ouverture avec un Bon anniversaire qui lui donne l’occasion d’un retour sur toute une vie assumée sur les planches à la Métamorphose finale, « nec plus ultra », « mot de la fin », Georges Chelon nous fait partager la palette de son écriture, de son rapport à l’être humain, de sa réflexion sur notre destinée humaine, seul, quelquefois avec sa guitare, dans une communion intime avec le public de grande intensité, porté le plus souvent par des musiciens de talent, piano, basse, guitare, batterie, dans des rythmes variés qui bouleversent le temps : 30 chansons et c’est déjà fini ? Le public l’ovationne et devant ton écran, tu en fais autant.

Car Georges Chelon est là, colporteur chaleureux de la langue française, sur la portée de la vie. Il est l’artiste qui aime, qui souffre aussi. Il y a « tant et tant » de drames qui provoquent la colère et nous rendent démunis. « Pour mettre un terme à la colère / À l’injustice, à la misère / Je sais, je suis artiste, cependant / Comment, comment peut-on faire autrement ». Les chansons extraites de son album Lettres ouvertes nous percutent l’âme, une nouvelle fois. Comment résister à cette invitation de l’espoir ? « Qu’on vous honore ou vous condamne / Osez / Qu’on vous bénisse ou qu’on vous damne / Créez ». Et puis il y a l’humour, comme ce récapitulatif de l’amour à travers les âges dans une envolée de trois chansons, du temps des croisades à aujourd’hui en passant par le Moyen-Âge. « Merci d’être venus, ça me fait au cœur », chante l’artiste juste avant le final. Merci, Georges Chelon, d’avoir chanté et de nous avoir laissé ce sillon d’enchantement.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 novembre 2008

Georges Chelon, L’Olympia, DVD, 2008