Chronique du 11 janvier 2009

On ne sait pas trop où en sera l’aide à la cuve. Mais la cuvée 2009 a déjà son moud à piquette. Nous aurions donc pris notre « destin en main », si l’on en croit Yves Jégo, secrétaire d’État à l’Outre-Mer, interrogé sur un plateau télévisé à Mayotte. Eh le père ! Qu’est-ce que t’as dans les mains ? – Mon destin, l’père ! – Mais c’est quoi un destin dans les mains ? – Ben, c’est un destin qu’est pas dans la poche – Oui, mais si t’as les mains dans la poche avec ton destin – Attends un peu, j’me tâte…

Quant à l’aide à la cuve, quelqu’un a-t-il un bon tuyau ?

Que s’est-il passé de nouveau, sur le plan économique, entre sa visite de novembre2008 à Saint-Pierre et Miquelon où il fallait tout faire et janvier 2009 où l’on n’a encore rien fait, bien qu’on en aie causé ? Ben, rien. Rie, bien, c’est ça qu’est bien. Pourquoi s’agiter quand tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et qu’en ne faisant rien, tout change ?

Question de cuvée, sans doute.

Me vient une angoisse existentielle. Et l’aide à la cuve pour qui chauffe Marcel ?

Nous serions donc le modèle d’un développement non encore développé mais susceptible de l’être sur un plateau continental, ce qui est déjà beaucoup. On ne sait pas quel tour cela peut prendre, à part de tourner en rond, ce qui permet de faire bouger le cercle si l’on se décentre quelque peu. Tu me suis ? Bref, les cercles sont les mêmes ; c’est le temps qui change. Si avec ça les neurones ne chauffent pas, tu n’auras qu’à te rabattre sur l’aide à la cuve, si tu y as droit ou de cuver ton agacement, ta frustration, ta colère, ton espoir, ton désespoir, tes rêves, ton verre de vin rouge. Que sais-je ?

Mais peut-être après tout qu’on faisait quelque chose comme monsieur Jourdain avec son prose…, avec sa prose, pardon. L’important étant de le montrer, avec de bonnes manières. Aussi serions-nous culottés de ne pas en accepter l’augure.

Oui, quelque chose s’est passé, mon ange – je dis mon ange, avec ma plume -, mais je ne sais pas quoi. « Le destin, pour frapper, revêt souvent son déguisement le plus ordinaire, son costume de tous les jours » a dit Jean Simard, écrivain québécois que je ne connais pas. À nous tailler parfois un costard en haut lieu, on nous aura taillé un destin sur mesure, forcément.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 janvier 2009