Chronique du 9 janvier 2009

Hier ils nous les gonflaient avec leur optimisme délirant ; aujourd’hui, les mêmes s’empêtrent dans le rabat-joinisme qui est à l’hiver ce qu’une feuille de chou est dans un jardin d’oliviers : déconcertant.

Ainsi le président de la Banque Centrale Européenne, monsieur JCT – j’y sais té – est frappé « que les prévisions les plus récentes sont aussi les plus pessimistes ». Ce qui frappe n’est-il pas que les prévisions pas si lointaines arboraient l’optimisme planétisé que si Mars avait été habitable on y aurait même pu ouvrir une succursale à hedge funds, tout en délocalisant sur Vénus un éventuel mont de piété histoire d’y amortir les chocs. Donc tout allait pour le mieux dans la Voie à boire du petit lait.

Manque de bol, dans le plat à salades des prévisions, faute de prévoyance, le plus imprévisible reste l’imprévu aussi dérangeant qu’un vermisseau sur une feuille bonne comme la romaine. Et le système bancaire a dû banquer.

Comment retrouver la pêche sans débanquer ? Là surgit soudain la question sur l’océan des angoisses si tumulte tueuses que certains gros bonnets en perdirent même la tête. C’était oublier Sarzy, le contracté, toujours à l’affût des réductions. Réduire le train de vie qui déraille n’est-il pas devenu le maître mot de la révélation tombée du ciel ?

Par souci d’économies donc, gageons – à 0% par prudence – que la première économie consistera à se passer des économistes, prévisionnistes et faiseurs d’avenir qui, on l’aura compris, découvrent en permanence le présent une fois qu’il est passé, comme une vache qui n’aura pas eu le temps de se rendre compte qu’il s’agissait d’un TGV bleu.

Qui pourra demain nous revigorer les ex-paires qui nous promettaient la lune ? Un président et un premier ministre d’un paradis perdu ? Un pronostiqueur de portefeuilles et un colleur de gommettes ? Un homme et une femme ?

Comment en effet aborder l’an neuf en faisant l’andouille ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 janvier 2009