Chronique du 10 février 2009

J’aime à marquer des pauses par ces temps de froidure. Doit-on risquer un coup de chaud en tapotant sur le clavier ? Aussi prôné-je l’accoutumance à l’hibernation qui s’inscrit dans le droit fil de tout ce qui est figé. N’es-tu parfois embarrassé quand à la question « Quoi de neuf ? tu dois te résoudre à répondre « rien », alors qu’il suffit de répondre d’un ton soulagé : « mais rien, bien sûr ».

Imagine que l’on vienne à apprendre que la France s’est résolument engagée dans la prise en compte du dossier crucial du plateau continental, ne serais-tu pas secoué de perplexité, comme par un temps de fonte de glaciers trop précoce ? Imagine (eh oui, tu peux imaginer plusieurs fois) que l’on t’annonce du nouveau pour combattre la vie chère, sur des îles où tu ne donnes pas cher des idées porteuses d’espoir ; ne serais-tu pas acculé à quelque frémissement déstabilisateur ? Imagine un port qui t’ouvre de nouvelles portes, un aéroport pour de nouveaux envols, des fruits et des légumes qui chantent le printemps dans ton assiette de consommateur refroidi (ah ! avoir la banane comme aux Antilles !)… Tout changerait soudain et tu te dirais : il n’y a pas que la planète qui se réchauffe… Alors s’accentuerait ton angoisse devant l’incompréhensible.

Aussi est-il rassurant de voir que les températures sont basses et qu’il vaut mieux se calfeutrer dans le silence.

En attendant le chant des sirènes, peut-être…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 février 2009