Chronique du 19 février 2009

Ils sont mignons tous ces hypocrites du pouvoir parisien qui s’offusquent de la tension de l’Outre-Mer, eux qui n’auront vu la France qu’à leur petite échelle, sans se rendre compte du facteur temps qui veut qu’aujourd’hui l’espace français ne peut plus être perçu qu’à partir de Paris. Or, tout n’aura été que condescendance, paternalisme et refus de donner les outils réels de développement à des territoires qui s’inscrivent dans des environnements frontaliers qui n’ont rien à voir avec l’Hexagone.

Les gouvernants, formatés dans le même moule, n’auront pas su s’extraire de leur gangue postcoloniale. Aujourd’hui les revendications qui expriment le désespoir de n’être pas écoutés par un pouvoir jacobin trop francilien, bousculent cet immobilisme de la pensée.

La crise est économique, certes, mais elle est ancrée dans une philosophie politique qui doit être remise en cause. Comment peut-on comprendre qu’il faille, à Saint-Pierre et Miquelon, se battre encore pour que les droits de la France, dans notre espace régional, soient défendus par un pouvoir qui n’aura jusqu’à présent rien compris ? Il est effarant que ce soit une poignée de Français qui doive agiter… le cocotier.

C’est en cela que les revendications de l’ensemble de l’Outre-Mer se rejoignent, par-delà les différences d’analyse de droite ou de gauche. Car en la matière, n’aurons-nous pas eu à souffrir d’incompréhensions terribles, tous bords confondus ?

C’est en cela que nous nous sentons solidaires, dans ces combats égaillés dans nos diversités respectives.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 février 2009