Chronique du 6 février 2009

Je ne sais pourquoi, mais je voulais te parler aujourd’hui de confit. Tout d’abord, et pour commencer, avant d’ouvrir plus avant la présentation du corps du sujet, le confit de froid de canard. Sauf que, pour en faire, il faudrait du froid et du froid, il n’y en a plus, ou il y en a moins sur le marché des queues de morue.

Confidence, pour confidence, confiture ou pas – déconfiture donc -, difficile de faire un confit de froid de canard en ces temps de réchauffement planétaire. Faute de froid donc, il ne nous reste plus que le confit de canard pour nous clouer le bec. Configurons donc le plat de l’inconsistance, qu’il ne faut pas exagérer parce que le confit de canard n’en reste pas moins bourratif.

Prenons un oignon cébette – c’est bête, j’en conviens -, et coupons le à vous en tordre les yeux comme une since au sortir d’une seille remplie d’eau. La porte de ta cuisine s’ouvre, des amis viennent loucher tes exploits culinaires en se frottant les yeux. Chacun y va de sa larme à l’œil, en se grattant l’oignon. Que vouliez qu’on fît ? te poileras-tu en racontant l’histoire à un pote âgé. (jeune ça n’écoute pas)

Confiné dans ta cuisine, n’entends-tu pas le destin qui passe, me glisseras-tu, comme le chantait Marc Robine ? Confirmons donc ce point, il est bon d’ouvrir les fenêtres pour ne pas rester sur le carreau, ô con pote de ma déconfiture.

Aussi réciterai-je un confiteor histoire de ne pas te desservir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 février 2009