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Alcaz, On se dit tout – nouveau CD 2009

Avoir eu la chance de découvrir les chansons de leur nouveau CD, enregistré en Pennsylvanie, ne pouvait que renforcer la première écoute quand on se retrouve au lendemain en tête à tête avec sa chaine Hi-Fi.

« La jolie chance », en effet, premier titre, alerte, pour une approche de la vie qui vous sort de la gangue de la morosité qui trop souvent nous étreint. Equilibre des voix, des émotions, de la musicalité. C’est réussi, d’entrée, beau, et agréable, car subtilement dosé.

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Désormais, en spectacle, le duo peut se laisser porter par des chansons qui du premier au second album studio – sans parler d’un CD live – expriment toutes les nuances du rapport au sein d’un couple. « On se dit tout », « On marche fragiles »… Tantôt les textes sont de Jean-Yves Liévaux, tantôt de Vyvian Cayol. Cette articulation dans le ressenti entre homme et femme donne toute la richesse à l’album, une nouvelle fois. On sent que le groupe a gagné en maturité, sans perdre de sa fraicheur, ni de sa sincérité. Ainsi en va-t-il dans la reprise de « J’avoue », titre présent dans le premier CD. Comme de « La vie va »… Car va la vie, qui nourrit le vécu de l’artiste. Cheminement des sentiments, essor sur la portée des planches…

Et de me laisser bercer par la chaleur des deux voix qui s’ourlent au fil des mélodies. Bel accent country-folk dans « Revenir encore ». Normal quand on enregistre aux US (et coutumes). Tiens, j’ai eu une pensée mélodique pour Vincent Absil. Et de goûter les accords aérés de la guitare. Car si plusieurs musiciens américains ont participé à l‘aventure, il n’y a jamais surcharge. Et c’est heureux.

Vive alors le swing de Marseille, la nuit. Belle bouffée de plaisir. Oui, un peu de kazoo pour la Canebière… « Marseille la nuit… / Toujours un peu clandestine » . Les mots s’enchaînent, en cadence, bien trouvés. Il y a du plaisir dans l’air, je te le dis.

Et comme dans le premier CD, figure un texte de Léo Ferré. Force de l’écriture, de la poésie, charme de cette nouvelle mise en forme. « J’m’appelle la lune / Tous les 28 du mois j’me refais une beauté au clair de terre ». Un texte bienvenu quand on perd la plume de l’espoir « les nuits sans lune »… C’est extra… Comme lorsque les deux artistes se livrent sur scène. Convaincant, car sans en avoir l’air, ils nous la décrochent… la lune et ça fait du bien. Et puis si sous le pont Mirabeau coule la Seine, comme l’aura écrit Apollinaire, pour Alcaz coule Le Rhône. « Comme coule Rhône / Tu vois la scène… » Faut-il qu’il m’en souvienne ? Fallait qu’il qu’il m’en souvînt ? J’ai laissé voguer mes propres rêveries.

Car « laissons-nous bercer », comme chantent ces deux artistes. L’apaisement ne fait-il pas partie de la quête de nos aventures humaines ? « Laissons-nous bercer (…) Laissons-nous plaire »…

Et j’ai, ajouterai-je, accroché aussi au dernier texte, « T’as l’trac », dans un regard percutant sur notre monde déchiré. Dernière touche qui ouvre le champ d’un album réussi, dans son écriture et réalisation. Avec un livret agréable à la clef.

Henri Lafitte, Chroniques musicales
1er mars 2009

Site d’Alcaz