Chronique du 11 mai 2009

La grippe porço-mexico-américano-canado-humaine ne s’étant pas déclarée sur l’Archipel, les douaniers se sont mis en grève.

Curieuse liaison de cause à effet, me diras-tu. Sauf que la structure grammaticale n’établit pas en la circonstance de lien de cause à effet, mais veut exprimer la soudaineté de l’événement qui nous prend à la gorge. Une quarantaine s’achève, une autre commence. Le bateau de ravitaillement a dégorgé ses containers ; ceux-ci resteront masqués. Résultat des courses – que l’on ne pourra pas faire -, les étagères languissent comme les clients. Partant, rien ne part des hangars et chacun de mesurer les trous qui lui restent à sa ceinture. Quant aux colis arrivant à la poste, personne ne pourra les voir, faut de colis mateur, bien sûr.

Motif de la grève ? Que les départ à la retraite soient remplacés , que des concours soient organisés localement pour le recrutement d’agents nécessaires, afin de favoriser l’emploi local. Et les élus d’appuyer le mouvement, l’État ne se prononçant pas en l’état sur la question. Sauf qu’en ne se prononçant pas, c’est comme s’il se prononçait. Car, qui ne dit mot ne consent pas, comme tu l’imagines bien.

Dans le contexte actuel, où rien ne va guère plus loin que d’observer – ne s’observe-t-on pas d’observatoire en observatoire ? – , on ne taxera pas les douaniers de manque de vigilance et d’esprit combatif pour la survie de l’emploi local. Impossible, en la matière, de se dédouaner de l’intérêt collectif.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 mai 2009