Chronique du 2 mai 2009

« Ribéry Fever tube de l’été », ai-je lu ce 2 mai 2009 sur yahoo.fr. Bigre ! Ça ne te fait pas tousser ?

Car notre archipel vit au rythme de la psychose grippale. La pandémie, c’est pour nous. Pour un peu on réouvrirait le lazaret de l’Île aux Vaincus. (faut bien rebaptiser les lieux) Car de deux choses l’une, comme entamait un ami qui m’avait entraîné très loin, il y vingt ans – j’ai les souvenirs en surchauffe – sur la pente des hypothèses binaires, ou le risque est sérieux, du fait du rapport du nombre de contaminants possibles au chiffre global de la population ou il ne l’est pas. S’il l’est, de deux choses l’une : ou l’on fait quelque chose ou l’on ne fait rien. Si l’on fait quelque chose, de deux choses l’une : ou l’on fait quelque chose d’efficace ou l’on fait quelque chose qui ne l’est pas. Si l’on fait quelque chose d’efficace, de deux choses l’une : ou l’on se met d’accord sur ce que veut dire « efficace » ou l’on n’y arrive pas. Si l’on se met d’accord, de deux choses l’une : ou l’on aura visé juste sur la notion d’ « efficace » ou l’on se se sera gouré. Si l’on a visé juste, nous serons nombreux à nous en rendre compte ; dans le cas contraire, on aura manqué de nez. Sauf qu’il aura coulé, le pif.

À alimenter médiatiquement les peurs, sans mesurer que celles-ci ne pourraient que s’amplifier, en étant trop imprécis sur la définition de « zones à risque », l’impression d’improvisation n’aura pu qu’aggraver le sentiment d’étouffement dans un vase clos.

Les masques de l’inconscience tomberont-ils ? En attendant, pourra-t-on relire « la Peste » de Camus pour nourrir sa philosophie. Dans une pharmacie, à Paris, j’ai entendu quelqu’un éternuer. À vos souhaits, ai-je pensé. « Deux cas avérés de grippe A/H1N1 à Paris, 16 hospitalisations », pouvait-on lire sur yahoo.fr. Mais Roselyne Bachelot, notre ministre de la santé, n’a pas décrété l’embargo sur les terrasses.

Quant à distribuer des masques, au sortir de l’avion, à l’aéroport Pointe-Blanche, il y a de quoi être médusé sur le radeau.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 mai 2009