Chronique du 4 mai 2009 (2)

Émission spéciale sur les ondes radio de RFO, ce lundi 4 mai 2009, sur le thème du risque d’épidémie de grippe dans le contexte de retour des vacances, notamment du Mexique. L’on aura pu apprendre que la Préfecture, en liaison avec les agences de voyages, aura été à même d’identifier suffisamment tôt les personnes susceptibles d’être directement touchées.

On peut s’interroger sur l’emphase donnée au « principe de précaution » qui aura consisté, paradoxalement, à faire entrer, sans précaution particulière, tous les voyageurs par le même avion, en laissant ouvert le principe actif de contamination possible, dans une situation de proximité immédiate, pour se limiter, en fin de compte, à un état des lieux à l’entrée du territoire, une fois le mal éventuel fait.

Une question peut aussi se poser ; les médecins auront-ils été partie prenante des concertations au sein de la « cellule de crise » ? Auront-il été écoutés sur la sagesse qui aurait consisté à expliquer lors de l’embarquement, le souci de prise en compte collective du risque pour éviter les problèmes en aval ? Faire des fiches, c’est bien ; prendre la température aussi ; maîtriser la chaîne des vrais moyens dans un contexte insulaire permettant sans doute une mise en route facile – un seul avion et des voyageurs qui peuvent facilement intégrer le souci commun -, eût été mieux.

La distribution des masques à l’entrée sur Saint-Pierre apparaissait d’autant plus aisée que tout insulaire pouvait percevoir que le problème se jouait en amont. Comment, dans l’ATR, rester à deux mètres de son voisin immédiat ? En sortant sur les ailes ? L’on se targue par ailleurs de pratiquer la « coopération régionale », y compris sur des questions de santé. N’aurait-il pas été judicieux de tout faire pour arrêter un dispositif concerté, autorisant la distribution des masques une fois la barrière passée, lors de la vérification des cartes d’embarquement ? Le dispositif à l’arrivée sur les îles se serait ainsi normalement poursuivi, dans un souci de rassurer tout le monde.

Car il ne suffit pas de répéter des mots à l’envi pour entraîner l’adhésion. Les actes, eux, sont jugés sur pièces. Là réside d’ailleurs la bonne santé (éventuelle) d’une démocratie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 mai 2009