Chronique du 7 mai 2009 (2)

J’ai entendu parler, sur les ondes, du « réveil du coureur ». Ouf ! ai-je expiré (normal, vu l’air retenu), poumons dégagés, respiration allégée, voilà une bonne nouvelle pour sortir l’Archipel de sa paralysie. C’est que le martèlement autour du virus porcin, mexicain, H1N1, que sais-je encore, vu le côté mutant des qualificatifs, avait fini par nous couper les jambes et le sifflet. Jamais n’aurons-nous retenu autant notre respiration, depuis l’état de crise tsunamiesque de 1991, – plus connu sous le nom de raz-de-marée -, après une intervention préfectorale. Mais cette fois-ci, le sol semblait pouvoir se dérober sous nos pieds, à moins que ce ne fût le ciel qui pût nous écrabouiller la boîte à pensée. « Principe de précaution », mis désormais en avant dans des sociétés de plus en plus en proie à des craintes existentielles.

Retenons que la mise en condition psychologique venait de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et qu’il était impossible dans ce cas d’ignorer le cri d’alarme. N’est-on pas allé dans une émission radio, le lundi 4 mai, jusqu’à augurer l’éventualité sur nos rochers de 18 morts ? Aucun cas ne se sera manifesté au quatrième jour d’une semaine qui entrera désormais dans notre Histoire. Apprécions ce fait. Certes, nous n’en sommes pas au terme des sept jours mentionnés dans le document remis aux voyageurs à leur arrivée à l’aéroport Pointe Blanche, mais le temps semble apporter le soulagement espéré. Partageons ce soulagement, puisque la population, dans sa réaction, aura manifesté un grand sens de responsabilité. La dignité dans l’attente aura été au rendez-vous. On eût pu assister à tant d’autres scénarios. Il n’en reste pas moins que l’alerte est toujours au niveau 5 et que nous ne pouvons pour autant lever la garde. Soulagement ? Inquiétude de ce qui peut encore arriver ?…

Sans doute que cet épisode ne manquera pas d’alimenter les débats futurs autour des mesures de vigilance. Soyons donc… vigilants pour ne pas tomber toutefois dans une société qui nous entamerait encore plus, sans qu’on y prenne garde, la liberté qui nous permet tout simplement de… respirer.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 mai 2009