Une voix au timbre clair, celle de Ron Ennis, haut placée sur un appui batterie, (Renaud Hutton) basse, (Pascal Simon) guitare, (Pascal Hutton, le frère de Renaud) textes en anglais portés par une facture classique avec ouverture instrumentale, puis chant donnant lieu à des entrelacs guitaristiques savamment maîtrisés, son gras et fuzzy de stratocaster mouliné par différents étages de distorsion, le tout bien charpenté et tonique.
Tu l’auras compris, nous sommes dans un univers rock, granitique et fougueux, comme si les pierres soudain déployaient leur énergie longtemps contenue. Ainsi ai-je vécu ma première écoute du CD du groupe de Saint-Pierre et Miquelon Straiga, Femme fatale, mis en vente à Saint-Pierre le 25 mai 2009, porté déjà dans le souvenir par le 3è titre, Femme fatale précisément, à la mélodie et au staccato accrocheurs. Un univers musical, imprégné selon mes propres réminiscences, par des sonorités à la Black Sabbath, en tout cas par le rock « eighties », ici renouvelé.
Enregistré à Saint-Jean de Terre-Neuve dans d’excellentes conditions techniques, au studio Henge, du 24 octobre au 3 novembre 2008, le mastering et l’impression auront été réalisé à Toronto. Un mastering sous la houlette de Joao Carvalho, pour les initiés, et cela donne un résultat qui permet d’apprécier le rendu d’une bonne chaîne hi-fi.
La pochette, réalisée par Hélène Lemoine, une jeune artiste de l’Archipel, capte aussi le regard, donnant ainsi, par ses aplats BéDéistes contrastés l’emphase au titre phare de l’album.
11 titres auxquels viennent s’ajouter trois d’entre eux repris en français ou en formule bilingue, pour un album qui mérite qu’on l’applaudisse, tant il est porteur d’un registre musical où les aficionados se laisseront immédiatement séduire. Pour les autres, à condition bien sûr d’accepter l’initiation au registre rock, un très beau moment de découverte, grâce à un CD fort bien ficelé.
Henri Lafitte, Chroniques musicales
27 mai 2009