Chronique du 2 juin 2009

C’est vrai que sur nos îles, à force d’être pris pour des têtes de Turcs par les Hexagonâtres, ou les Canadolâtres, on se sent mieux… européen. Aussi le 6 juin 2009 mérite qu’on fasse un petit effort pour assumer un passeport transfrontalier. Ouais, l’Europe comme ils disent, ça n’a pas fait tout bien. Mais il ya belle lurette qu’on aurait
renoncé à notre état de Franchouillards s’il avait fallu ainsi dénoncer toutes les trahisons de nos attentes. Tu te souviens que tu as voté Sarkozy, toi ? Tu ne te sens pas un peu déstabilisé, comme j’ai pu l’être du temps de Mitterrand ? Bah ! Ségolène, j’ai pas eu le temps d’être déçu parce qu’elle a été battue.

Mais être un bout d’Europe dans l’Atlantique nord-ouest, ça en jette. Et puis vaut mieux traverser la Grande Bleue pour saluer des potes que suivre le chemin des dames de nos ancêtres. Non ? C’est pourquoi, vois-tu, j’irai glisser un bulletin dans l’urne. Ça ne changera pas la face du monde, mais c’est plus courtois que notre président oubliant d’inviter la reine d’Angleterre aux cérémonies du débarquement.

Pour ma part, je n’oublie pas ma petite reine, la tête dans le guidon, surtout quand il y a du vent. Nous sommes servis, as-tu remarqué ? Petit vent de suroît, plutôt frigorifiant à la sortie d’un mois de mai qui n’attend plus que l’appel du 18 juin pour aborder l’été la fleur au fusil. Car c’est fou comme on peut se bercer de nouvelles illusions quand pointent les pissenlits. On a l’impression que de nouvelles floraisons viendront nous faire oublier les pétales desséchés.

Ça c’est le bouquet, me rétorqueras-tu. L’avenir ne sera jamais rose. Sait-on jamais, oserai-je. Il suffit d’un bon parterre pour que tout refleurisse.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 juin 2009