Chronique du 17 septembre 2009

Ils SEM eux non plus. Car la Société d’Économie Mixte dans le secteur de la pêche industrielle aura vu s’affronter majorité et opposition au sein du Conseil territorial lors de la réunion officielle du 17 septembre 2009. Emprunt de 3 millions d’euros, redistribution de 500 000 euros à la SODEM de Miquelon, 2,5 millions à la SEM, SAEML pour être précis, de Saint-Pierre, avec une part de 51% de la Collectivité territoriale dans la la société, 40% pour la société canadienne SPM Seafood International : un cadeau au prix fort à une entreprise privée, de surcroît extérieure, de s’indigner l’opposition, sous la houlette du député-conseiller général Annick Girardin.

Le président du Conseil territorial, Stéphane Artano, aura rappelé que la Collectivité a dans le passé appuyé de nombreux investissements dans différents secteurs, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle aura fait des cadeaux. La Collectivité n’aura-t-elle pas aidé Air Saint-Pierre, par exemple, ? soulignera-t-il.

Mais mettre sur le même plan une entreprise qui n’a pas encore fait ses preuves, nouvellement arrivée dans des conditions particulières et une autre qui a un long historique de service essentiel, de qualité et de stabilité, n’est pas approprié.

Aussi faut-il trouver d’autres arguments pour justifier le bien-fondé du rachat des actions de SPM Seafood International.

« Aujourd’hui, jeudi 17 septembre, au cours de la séance officielle du Conseil territorial, le Président Artano annonce que la Collectivité rachètera à SPM Seafood International 32% de leurs actions pour la somme de 1.865 000 € (plus de 12 millions de Francs). L’action qui valait hier, à la création de la SAEML 1 €, vaut aujourd’hui 161 €… belle plus value en 1 seule nuit !!! C’est donc un véritable jack pot pour SPM Seafood International, et une magouille honteuse de la part de la Collectivité territoriale.. », pouvait-on lire sur le blog du député. Un beau rachat de plus-value virtuelle, en quelque sorte.

Quelles que soient les affinités politiques, l’on est donc en droit d’attendre quelques précisions qui ne peuvent se résumer à des raccourcis télévisés faciles. Quelles garanties dans la durée ? Quel déploiement de marché ? Quelles perspectives en terme d’emploi ? Sur quelle base d’approvisionnement en matière première ?

Y a-t-il par ailleurs risque d’une opération comme à Sophia Antipolis d’une entreprise de micro-électronique française rachetée par un investisseur indien qui aura mis la clef sous la porte après avoir reçu de l’État français des millions de crédit d’impôts recherche ? Quelles sont les garanties pour qu’il n’y ait pas de déconvenues ? Car les décisions d’une entreprise extérieure peuvent être dégagées d’un sentimentalisme liée à une identification plus grande à une communauté, parce qu’on est du cru, qu’on y a des attaches, que l’on se sent impliqué pour une grande diversité de raisons.

Certes, on peut accepter d’en arriver à admettre le bien-fondé d’un choix qui engage lourdement les finances de la Collectivité, sur la peau de celui qui paiera ses impôts pendant vingt ans. Mais encore faut-il le lui expliquer. Là est aussi la démocratie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 septembre 2009