Chronique du 9 septembre 2009

Que deviens-tu, ô lecteur que j’aurai abandonné quelque part au milieu du chemin de l’imaginaire. Car toi et moi ne nous sommes-nous pas virtualisés ? C’est précisément cette crainte qui m’a fait délaisser le clavier de mes délires. J’ai voulu retrouver le goût des pierres, des terroirs, des chemins, des rires, des gens en chair et en os, prendre du recul au bord de la falaise, globe-trotteriser mes rêves, mes espoirs, me dire qu’il est toujours possible de hisser la grand-voile vers la zénitude. Tu vois que j’ai philosophé à vie ces semaines écoulées. Bien sûr que j’ai pensé à toi, aux bateaux en rade, à la desserte sur le plateau, à l’usine qui n’usine plus, aux fuites d’ammoniac, aux serinades des spécialistes en entubage de mouches… Oui, tu auras été présent. Mais j’avais besoin de ce silence.

Mais non, je n’ai pas encore eu la grippe. Pas encore. Et si j’en meurs par inadvertance virale, que ce soit avec une boutanche d’Aloxe Corton (un ami m’en a offert une) en guise de paracétamol. L’on se sent assailli de feuille de chou en écran plat, n’est-il pas vrai ? Faut dire qu’en-dehors de Sarkozy, que raconter d’autre que l’angoisse perpétuelle qui doit forcément nous étreindre ? Cela ne fait-il pas oublier les sans-emploi, les travailleurs pauvres et les cadeaux sarkozyens aux puissants ?

Une bonne grippe et Roselyne Bachelot d’enfourcher son cheval blanc. Sus au virus !

Car vois-tu, il faut qu’en politique sarkozyée on fasse comme si on self-contrôlait tout, pour endiguer tout « flu » tumultueux.

Rappel estival

20 août 2009 – « Considérez-vous toujours que la France est le pays le mieux armé pour affronter la pandémie? » –  « Cette appréciation flatteuse n’émane pas de moi, mais de l’OMS ! »

La question est de l’hebdomadaire L’Express ; la réponse est de Roselyne Bachelot, ministre française de la santé. Avec une telle suffisance, on est sûr, au moins, d’avoir réinventé… la ligne Maginot.
 
Et la ministre d’ajouter : “Les experts que j’interroge quasi quotidiennement me disent que la principale caractéristique du virus est d’être imprévisible. » Eh bé ! Voilà une ministre qui a appris quelque chose. Chez ces gens-là, ça sue du burnous, je te le dis.
 
Enfin, « Le comptage des malades a-t-il encore un sens ? demande L’Express.
« A ce stade, nous ne sommes plus dans un comptage individuel systématique, mais dans un comptage “populationnel” », répond la ministre. De la petite cuiller à la louche, en quelque sorte.

9 septembre 2009

6000 cas auraient été détectés mais on n’en est pas sûr. Forcément, vu le comptage. Et Reuters de nous apprendre : « L’InVS (un institut machin chose, ndlr) annonce qu’il va désormais privilégier l’indicateur du réseau des groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog), qui permet de prendre en compte l’ensemble des manifestations cliniques, “y compris les plus bénignes”. » Ça ne s’invente pas. Fais du rhum à ton homme, je te dis et laisse-toi aller. Et punche-toi ; pour le citron pressé, regarde-toi dans la glace.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 septembre 2009

P.S. Tiens, j’ai pas parlé de la desserte maritime. Pour faire court, je paraphraserai Roselyne Bachelot en disant que sa principale caractéristique est d’être imprévisible. Et ça peut gripper la machine. Faut dire que ça a bossé dur ces derniers mois chez les experts…