Dode au CCS

“Dode” au Centre culturel : le panache blond

Eh oui ! C’est encore l’été, car ce samedi 12 septembre 2009 sur Saint-Pierre et Miquelon aura été imprégné de soleil et d’une température propre à vous faire rêver sur le sable chaud des plages. Quoi de plus agréable que de poursuivre en musique, comme l’auront fait d’autres hier, pour la première soirée, afin de découvrir DODE, groupe composé d’Eric Dodeman, le jeune meneur de portée, Eric Poitras et Pascal Hutton, à la guitare, Jean-Guy Poirier à la basse et Yoann Detcheverry, à la batterie ?

J’ai mis ainsi le cap, en me rendant dans la salle de théâtre du centre culturel, curieux d’ouvrir les esgourdes à un autre univers créatif, nouvelle manifestation, revigorée de jeunesse, de la vivacité artistique archipellienne.

Ici, contexte insulaire oblige, les musiciens se retrouvent impliqués dans différentes configurations. Le risque serait d’un nivellement expressif. Et pourtant, il n’en fut rien. Le défi aura été relevé avec brio, signe que les musiciens savent s’adapter à l’expression particulière de l’auteur compositeur qui les entraîne dans son aventure.

Et je me serai régalé, comme tout le public, venu nombreux. Deux salles pleines en deux soirs. Il y a comme de la vie dans l’air.

Dode au CCS

On est d’abord frappé par la voix, chaleureuse et profonde et le personnage souvent juché sur un tabouret, panaché d’inspiration sous sa tignasse blonde. Un CD est à venir, nous a-t-il dit ; mais nous aurons droit à plusieurs titres qui n’y auront pas trouvé leur place. Dure loi de la sélection, pas forcément darwinienne, à en juger les réactions à leur encontre tout aussi positives que pour les autres. Car l’on assiste à un artiste en émergence, revisitant ainsi quatre textes de Baudelaire, offrant ses propres créations et se livrant aussi à des interprétations, Nirvana, Pearl Jam, Noir Désir, Iron Maiden, en version acoustique pour celui-ci, s’il vous plaît. Le spectacle alterne d’ailleurs ce dernier type de mise en forme – heureuse découverte en ce qui me concerne, de deux textes d’un auteur-compositeur américain du nom d’Elliott Smith -, avec une approche plus rock, donnant lieu à des envolées guitaristiques puissantes, d’Eric Poitras, soutenu par Pascal Hutton à l’autre guitare, le tout appuyé par une basse bien présente, celle de Jean-Guy Poirier et le bon rendu rythmique de Yoann Detcheverry, tous par ailleurs musiciens d’autres formations.

Certes les derniers morceaux s’accompagneront d’un accroissement des décibels, reflet des temps d’aujourd’hui. J’apprécie mieux, pour ma part, les équilibres nécessaires et l’importance d’une voix bien distincte, surtout quand les textes le méritent amplement. J’aurai d’ailleurs tout particulièrement été sensible à une chanson sur notre rapport à la mer, et le lourd tribut qui lui est souvent laissé, surtout si l’on pense à un passé tragique récent qui nous aura profondément marqués.

Standing ovation, rappels, adhésion totale du public : les cinq compères, rejoints pour un laps de temps par Xavier Landry, nous auront fait vibrer de plaisir. Eric Dodeman s’ouvre ainsi une voie prometteuse ; chacun, heureux de sa soirée, en sera sorti convaincu. Viendra bientôt le CD promis pour faire plus ample connaissance.

Henri Lafitte, Chroniques musicales
12 septembre 2009

Photo, Patrick Boez, 11 septembre 2009