Jim_Fidler.jpg

Du Joinville au CD, Jim Fidler, Revolution Time

Samedi 19 septembre 2009 ; ambiance George ou Water Street à Saint-Pierre, pour ceux qui connaissent le cœur de Saint-Jean de Terre-Neuve, là où ça se passe quand pointe la nuit du week-end. Au carrefour Île de France, Joinville, Rustique, l’heure est à la fête, la musique emplit l’air ambiant pour une grande invite à la détente. Je suis entré au Joinville, pour écouter Jim Fidler, artiste terre-neuvien, habitué de l’Archipel de longue date, venu lancer son dernier album, Revolution Time.

Une autre artiste aurait dû être là, Colleen Power, mais elle n’a pas pu prendre le bateau. Un problème de passeport, me dit Jim. Et le début de sa prestation commencera plutôt assez tard, vers les 10h45. Seul dans le premier set, il sera rejoint par Yoann Detcheverry à la batterie pour le deuxième et par celui qui lui fait le son, aux percus. Le tout essentiellement nourri de titres que l’on connaît, tirés de ses albums précédents, dont « Rhythm of the Goat » de l’album Gypsy, une composition qui entretient le lien entre les écoutes passées et celle de ce soir de septembre. L’âme de Terre-Neuve est là, dans la rythmique incantatoire, la guitare en open tuning et l’hommage au bodhran celtique. Il est vrai que ce morceau accroche l’attention, même quand l’artiste est seul en scène. Et l’ambiance monte d’un cran quand vient l’heure de « Downtown girl », a capella, rythmique oblige.

Pour le CD, malheureusement, je devrai me replier sur ma chaîne hi-fi, car il aura à peine été effleuré en public. Prévu en diffusion d’ouverture de la soirée disco, qui s’enchaîne à partir de une heure du mat, nous annonce Jim, sauf que la disco, ça n’a jamais été mon truc. « Revolution time » attendra et je serai resté sur ma soif.

Jim_Fidler.jpg

Quid du CD alors ? comme aurait pu demander Jules César s’il avait connu le temps du reggae. Car Jim y revient à fond la Marleysienne. Ça ronfle sec, dès l’ouverture et j’imagine les hanches en cadence sur une piste flashante effrénée. Nous sommes plus que des animaux qui paient des taxes et votent tartempion tous les x années, commente Jim, en éclairage de sa chanson (traduction libre pour le deuxième volet). Et j’opine, forcément. Les propos sont engagés, pour un monde meilleur, où l’on se comprendrait mieux, où les mots peuvent aider à nourrir l’espoir. Don’t worry man ; il y aura de quoi écrire jusqu’à l’extinction de notre astre de vie. Lively up yourself, hommage à la génération Marley et ses descendants, guitare saturée, battements secs, rythmique assurée, cow bell and tambourine. Jim Fidler a retissé les liens avec ses influences primales, Pressure drop, son groupe fondateur, le reggae, l’énergie et les mots qui bousculent, lancinants. « There’s a war at your door ; can you hear the people fighting ?... » Il y a du monde sur chaque titre, tu t’exclamerais. Sauf que Jim aura assuré l’essentiel, « Reality Time », en quelque sorte ; voix, batterie, basse, guitares, synthé, piano, percus… Thierry Artur, artiste de l’Archipel, aura apporté son concours sur deux morceaux, dont « Reality Time, précisément. Quant aux différents titres, il sont, sauf très rare exception, entièrement écrits et composés par l’auteur. On y trouve une pièce musicale dédiée à sa grande « famille » de Saint-Pierre. Inspiration nourrie de la grande ondulation perturbatrice de la vague du XXIè siècle qui nous emporte, tout le monde affairé dans le tourbillon qui l’emporte, « Busy (Too busy) ». Pour y gagner quoi, my friend ? « Every day, you read it in the paper, you see it in the news, / Don’t you know, no matter which side you think you’re on, / you’re still gonna lose ». You’re right, man. On se rejoint, avec nos parcours si différents.

Alors, on est prêt pour un « Cherokee Chant » : « Can you change the world? » La question est posée et en filigrane l’importance de ne pas baisser les bras. « Revolution time », par conséquent, en conclusion, quinzième titre en rappel du premier, comme une grande boucle d’espoir d’un album très réussi.

Henri Lafitte, Chroniques musicales
20 septembre 2009

P.S. Mention supplémentaire pour la qualité d’ensemble, avec un livret de belle facture, incluant tous les textes, la mention des musiciens, et des éclairages apportés par l’auteur

Jim Fidler, Revolution Time, 2009
http://www.jimfidler.com