Chronique du 11 octobre 2009

Le nouvel évêque de Saint-Pierre et Miquelon saura-t-il capitaliser les âmes à la banque de la sainte trinité ? La Mission catholique n’est pas à l’abri des fluctuations du marché et le cours de son action aura accompagné la raréfaction de la ressource halieutique. Les accords de 1972 scellaient-ils l’entrée dans un monde nouveau, post-années soixante ? Les esprits déjà commençaient à se libérer du joug de la pensée dominante. 1982. À mi-chemin de la crise de foie de morue, le doute prenait le pas. Comment ne pas être à minima agnostiques dans la confrontation entre le bien que l’on voulait défendre, mais qui nous échappait, on le sentait bien, et le mal qui nous guettait à la frontière. Nous nous enfermions alors dans les oppositions binaires des chevaliers du temporel. 1992, le sort était jeté, Dieu – s’il pouvait encore exister – nous avait bel et bien abandonnés. Nous entrions alors dans le trou noir des espaces de la déconstruction (ou de la diversification, comme tu l’entends).

Vient donc, en ce 11 octobre 2009, le temps d’un Évêque Ter ; les hommes changent ; le discours reste. Dieu aime le Sylvaner, le Riesling et le Gewurtztraminer. François Maurer, Lucien Fischer, puis aujourd’hui Pierre…, tous trois d’Alsace. « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église », a dit un grand initiateur. Ça peut bien tomber. Quel Gaschy ! les anges s’exclameront-ils, solidaires ; forcément, car ils sont toujours béats, les anges. « Tu es Pierre
 /Salue ton père et va faire ta valise
 / Sur toi je bâtirai mon église » a dit aussi Michel Sardou qui a le sens de la formule.

Dont acte, sur le chemin de la concorde ! Ah ! Quel défi !

Sainte Pétuche aura cru bon se mettre sur son trente-un en ce dimanche d’automne, chassant toutefois les nuages qui auraient pu diablement engrisailler la grand-messe du passage de témoin, dégageant dans le ciel du bourg strass et paillettes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 octobre 2009