Chronique du 14 octobre 2009

Assistions-nous soudain, en ce 14 octobre 2009, par journal télévisé interposé, à une sodémisation d’abusés désabusés ? A 500 000 euros sur les deux plateaux de la balance de Roberval ? Ainsi une subvention pour la SODEM – société d’économie mixte de la filière pêche à Miquelon – aurait été promise par l’État permettant une avance de la Collectivité remboursable par l’État, subvention qui, en fait, n’aurait pas été promise par l’État, chaque volet – contradictoire, comme tu l’auras noté, ô lecteur sagace – nous laissant dans une embrouille à même d’agrémenter les queues de poisson dans les filières à coquilles. Du moins, si l’on en croit l’information, contredite par son contraire, en ce jour de grâce – coup de grâce ?-, d’un soir de premières froidures.

Si dans le passé l’on a eu trop souvent droit au refrain des promesses non tenues, s’agissait-il soudain d’une mutation subreptice donnant naissance, in utero naturalibus parlamentum deconandum, aux promesses non promises, aux confitures déconfites, aux bourses déboursées, ce qui, tu l’admettras, ne pouvait que constituer une avancée dont le recul ne pouvait t’échapper.

Or, disait Boileau, un type que des générations de têtes blondes brunes, auburn, châtain clair, roux irlandais, noir japonais, auront eu du mal à comprendre : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Clair comme de l’eau de roche, par temps sec, à la tombée d’une nuit sans lune.

Sauf que la promesse de 500 000 euros a-elle été faite ou vient-elle d’une avance sur interprétation à sens unique ? Les conseillers généraux de l’opposition n’ont-ils pas réagi en septembre 2009 lors d’une séance houleuse sur l’attribution de crédits pour la filière pêche, ce qui les amenait, dès le lendemain, à faire une démarche auprès du procureur pour vérification de la procédure, incluant la délibération pour l’attribution de 500 000 euros à la SODEM, dans une approche plus globale des décisions touchant l’ensemble de la filière pêche ? « Nous désirons savoir si ces délibérations sont conformes au jugement du 21 avril, et si – au-delà d’être à nos yeux une gabegie pour les finances de Collectivité – elles ne revêtent pas un caractère irrégulier », concluaient les deux conseillers dans leur courrier du 18 septembre.

N’aurons-nous pas alors tout simplement vécu un rebondissement supplémentaire sur le trampoline des fortes probabilités ? Le projet de convention financière d’attribution d’une aide à l’investissement à la SODEM de Miquelon entre État et Collectivité était-il un voeu pieu ou reposait-il sur des piquets solidement plantés ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 octobre 2009