Et l’Aldona, une fois de plus. Saisi, mais pas de froid, ô non. Les fers au pied ! Vert de coque, le malheureux ! Et une quarantaine de bêtes d’attendre l’arche d’un Noé d’occasion. Et l’Atlantic Jet, toujours en panne, avec des moteurs qui seront réparés, mais payés par on ne sait trop qui. Et le Sabot de l’Île, au sec sur le quai de l’inutilisable.
Le comble, m’a-t-on fait observer aujourd’hui, c’est que très souvent l’on aura eu à se plaindre d’être mené en bateau ; sauf que, cette fois, on ne l’est même plus, du moins en ce qui concerne Terre-Neuve et Miquelon pour le fret maritime. De quoi devenir chèvre, ajouteras-tu. Et les chèvres précisément de faire le pied de grue à Saint-Pierre, les pauvrettes victimes de la justice des bipèdes à tête pensante. Un comble pour des chèvres restées en rade, faute de bateau. Forcément toutes les conditions étaient remplies pour faire un peu de foin. Une fois de plus. De là à essayer de trouver un bouc émissaire, quoi de plus naturel ?
Bref, on aura eu beau essayer de pratiquer des diversions, il aura bien fallu revenir à nos moutons. Car régler la desserte est aussi difficile sur l’archipel du jeu de quilles, convenons-en, que de dénicher un mouton à cinq pattes dans la Voie lactée. Qu’aurait dit Ovide eh ? « Il vaut mieux bien faire le mal que mal faire le bien », qu’il aurait dit. Il faudra donc attendre. « Tout délai nous est long qui retarde nos joies » a dit encore Ovide eh bé !
À brebis tondue, Dieu mesure le vent, dit le proverbe ; les coups du sort ne sont-ils pas liés à notre faiblesse ? Faut dire qu’à Saint-Pierre et Miquelon, nous sommes servis pour les coups de Jarnac. Mais qui est Jarnac ? relève d’inconnues qui nous échappent pour la résolution de l’équation des comptes à régler.
Pour débloquer provisoirement la situation, le Conseil territorial a dû cracher au bassinet pour affréter le Dutch Runner, en attendant que tout cale derechef. Le reste est pour l’instant une affaire de justice. Au long cours…
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 octobre 2009