Chronique du 18 décembre 2009

A écouter le secrétaire départemental de l’UMP, démissionnaire, lui qui aura tant vanté les mérites de l’UMPétie, j’ai été frappé par la joute singulière contre un préfet désormais absent, puisque parti vers d’autres horizons. Monsieur Jean-Pierre Berçot l’aura, nous l’aurons entendu le 16 décembre 2009, indisposé.

Qu’est-ce qui peut motiver cette démission, et les propos sévères à l’encontre du représentant de l’État ? Celui-ci n’assurerait plus son rôle de garant des procédures ? On s’en remettrait trop facilement au pouvoir judiciaire ? Mais n’est-ce pas, précisément, parce que le préfet Berçot aura bousculé quelques attitudes pernicieuses qu’il recueille de tels ressentiments ?

Le Préfet Berçot, avec sa forte personnalité et une expérience au-dessus du lot, aura fait bouger les lignes (de pêche). N’est-il pas essentiel que l’on échappe aux dangers de l’émergence d’oligarchies, induisant tous les clientélismes néfastes aux équilibres indispensables à toute vie insulaire harmonieuse ? « Il fallait tenir un langage clair parce que, depuis 1992, depuis la crise de la morue qui a changé complètement la donne à Saint-Pierre et Miquelon, le royaume du non-dit l’emportait sur la capacité d’apporter des remèdes », de mentionner l’ex-préfet de l’Archipel dans un entretien paru dans L’Écho des Caps du 27 novembre 2009.

Il fallait affronter le problème de la desserte, complexe au demeurant. Un premier pas aura été franchi. Le bateau qui nous approvisionne depuis Halifax le fait avec régularité. Tout n’a pas été réglé, mais il n’est qu’un travail patient qui puisse permettre de compléter le dispositif. La filière pêche retrouve des couleurs. Dommage que la complémentarité de plusieurs intervenants, du plus modeste entrepreneur à l’entreprise canadienne, n’ait pas été mieux perçue. Peut-on se satisfaire de la fermeture annoncée des Pêcheries Paturel ? L’axe indispensable avec Terre-Neuve n’aura pas encore trouvé de réponse. Quant à Miquelon, l’imbroglio est total.

Il y a quelque temps, je m’interrogeais sur ce que je ressentais comme un acharnement du judiciaire vis-à-vis de la représentation locale. Aujourd’hui, à la lumière d’une volonté affichée du président du Conseil territorial de s’éviter toute remise en cause de sa politique par le mouvement politique Cap sur l’Avenir, je me dis qu’une vigilance est indispensable pour éviter les dérives vers des pouvoirs excessifs. L’État républicain – si tant est qu’on puisse encore y croire – doit conserver tout son rôle pour éviter l’émergence de « réicules » aux dents longues en faisant barrage à toute féodalité potentielle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 décembre 2009