Chronique du 4 décembre 2009

« En vacance de sous-préfet, l’arrondissement n’est pas perturbé », titre la Voix du Nord, après le départ du sous-préfet Borius pour les horizons lointains des îles Saint-Pierre et Miquelon.

De quoi donner des idées à Bercy pour la compression des personnels. Car le journal de préciser : « dans les locaux de la rue Thiers, pas de souris qui dansent. Avant qu’un successeur ne soit nommé, les services fonctionnent comme à l’habitude, les missions de l’État sont assurées. »

Un seul être vous manque et rien n’est dépeuplé, comme aurait pu l’écrire un Lamartine sarkozyste. Car l’action se poursuit quand l’homme de barre d’un temps part, poussé « vers de nouveaux rivages », le temps ne suspendant bien sûr jamais son vol. « L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; Il coule, et nous passons ! », peut soupirer l’homme de préfecture, de sous-préfecture, jusqu’à la base de la pyramide du dérisoire.

« Cela fait plusieurs fois que le sous-préfet qui quitte Dunkerque endosse les fonctions de préfet. C’est un poste très important et il faut donc un bon profil » de souligner le secrétaire général de la sous-préfecture de Dunkerque. Ouf ! Nous voilà rassurés. Pas de profil laxiste en ces temps de grande prophylaxie. Car dans les îles il faut se prémunir contre tout, n’est-il pas vrai ? Les virus, les bacs terriens font souche, mises sur le tapis vert du désarroi des tables tournantes. Et il faut bien que quelqu’un veille au grain sous ces ciels souvent bas et lourds pesant sur nos esprits gémissants en proie aux longs ennuis, comme aurait pu écrire Baudelaire s’il avait eu le spleen, ses illusions étant tombées dans le lac.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 décembre 2009