Chronique du 24 janvier 2010

Ça gaze trop pour les uns, ça gastro pour les autres. Bref, on a beau se souhaiter les voeux, ça n’empêche pas de tirer la langue au-dessus de la fosse à merde à Saint-Pierre et Miquelon en ce début d’année 2010. De quoi te torcher cette chronique histoire de te dire que le canard est toujours vivant, ô lecteur bidonnant. Eh oui, que veux-tu, je me marre rien qu’en pensant à toi. Car les cabinets sont plus que ministériels, je te dis ; dégueule toujours, pas besoin de trier.

Ça nous change de la gerbe de voeux pieux qui t’amènent souvent à te dire que mieux vaudrait rester couché. Fort heureusement, février se pointe et la page des illusions entretenues sera tournée. À quoi bon te voiler la face quand tout voudrait que tu tendes les fesses pour te les faire botter ?

La cathédrale de Port-au -Prince est tombée sur la mitre de son archevêque ; annus horribilis d’un monde sans dieu quand le sol se dérobe sous les pieds. Que si le Golgotha s’était trouvé à Haïti, Jésus Christ eût vu tous les bars à bas. Peut-on encore oser évoquer la grippe à vous bacheloter les angoisses ?

Le verbe s’est fait aussi chair avec les velléités colportées d’Air France de faire payer les gros. Non, pas les pleins en poches, mais les tourmentés de la génétique confrontés à la contemplation des écrans plats. Le prix des billets va baisser sur la ligne archipel-métropole, nous aura-t-on dit ; sur la base de la discrimination, a-je compris, vu que tout le monde ne sera pas servi. Continuité dans la liberté de l’inégalité, en quelque sorte, n’en déplaise à la fraternité de ceux qui veulent se reconnaître en ces temps de quête identitaire.

Quant à Nicolas Sarkozy, le voilà toujours aussi déterminé à dégraisser. Certes, il aura fallu trois Airbus et un Falcon, pour qu’il aille branler du chef à La Réunion. Montant de l’ardoise de ces agapes : 1,6 million d’euros, comme le précise Clicanoo.com. Mais n’a-ton pas pris l’habitude de tout encaisser sous les auspices du père Nicolas Noël ?

Et puis la neige est tombée à Saint-Pierre sur les canards qui soudain ont pris froid.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
23 janvier 2010