Soirée Soft & Jazz au Centre culturel en ce 4 février 2010. Douillettement enfoncé dans un fauteuil de la salle de spectacle alors qu’un goéland endormi se calfeutre des ailes sur les cabestans bleuis de froid dans une nuit d’hiver sans étoiles, je me laisse rêver à un martini on the rocks, emporté par une voix chaude de femme, de Gershwin à Maurane, en passant par Les Beatles, Francis Lemarque, Michel Fugain et Félix Leclerc, le tout habilement dosé par un guitariste maître de ses cordes nylon et par un saxo-clarinettiste subtil. Occasion de goûter aussi à Dimanche à Orly de Gilbert Bécaud, cadencé jazz lounge ; une façon pour moi de qualifier cette douce torpeur qui m’aura enveloppé.
Spectacle d’une heure avec des pièces savamment balancées qui emportaient le public dans l’univers talentueux de Carmen et David, artistes de jazz québécois nourris de scènes constamment renouvelées de par le monde. Une halte à Saint-Pierre et Miquelon était donc une pause heureuse ; le plaisir de la rencontre était partagé.
Soirée réussie, d’autant que la qualité du son et de l’éclairage était au rendez-vous, donnant ainsi l’ampleur requise à la finesse des interprétations. La voix de Carmen Genest retient l’attention par la richesse de ses tonalités ; Jacques David captive par la qualité de sa rythmique et la variété de son jeu, la précision des notes savamment placées. La présence tantôt d’un saxophone, tantôt d’une clarinette, à leurs côtés était chose heureuse dans l’apport en profondeur et suavité que permet un instrument à vent.
Les conditions auront été ainsi réunies « pour faire une jam », comme chante Aznavour, entre artistes sur scène et public ravi.
Henri Lafitte, Chroniques musicales
4 février 2010