Hommage de Jean-Louis Viñolo à Jean Ferrat

(Texte publié sur mathurin.com, avec l’autorisation de son auteur, Jean-Louis Viñolo)

Je ne ferai pas d’hagiographie, d’autres s’en chargent sans aucune mauvaise conscience. Ceux là même qui participaient sans état d’âme à sa mise à l’écart des radios et des télés nous inondent de louanges et lancent déjà des comparaisons : Brel, Brassens, Ferré. Mais où étaient-ils ces bouffons lorsque nous chantions à en perdre la voix, devant des parterres clairsemés La Montagne, Maria ou Ma France ?

Jean Ferrat a fermé les yeux dans un petit hôpital d’une région qu’il a aimée avec passion, où il a vécu pendant de longues années l’effroyable oubli et j’ai mal. A cet instant les paroles de ses chansons défilent dans ma tête en ordre dispersé, elles me poursuivront jusqu’à ma dernière nuit.

Ils vont toujours de ville en plaine

Eux c’est la route qui les pousse

Sont tombés dans l’eau comme deux oiseaux

Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants

Le jazz ouvert dans la nuit, la trompette qui nous suit dans une rue de Paris

Que c’est beau, c’est beau la vie

Je n’ai plus que toi de chemin

Avec leurs mains dessus leurs têtes, ils avaient monté des murettes jusqu’au sommet de la colline

La nuit quand je m’en vais à rêve découvert

J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson

C’est mon frère qu’on assassine

Ils grandirent sur cette terre, près de la Méditerranée

Elle répond toujours du nom de Robespierre ma France

Je perds ma semence dans ton sexe roux

Les cons n’arrêtent pas de voler, les autres de les regarder

Le monde peut battre de l’aile on n’a pas le temps d’y penser

Il s’en va vers les merveilles, les merveilles de ces pays où l’oiseau fait encore son nid

La faim de toi qui me dévore me fait plier genoux et bras

Il y a peu de temps que le nom des sierras de tout un continent rime avec Guevara

La souffrance enfante les songes

Quand on n’interdira plus mes chansons je serai bon à jeter sous les ponts.

Que de fondements de la chanson française, que de phrases plantées dans l’inconscient de toute une génération, que de rêves, que de luttes, que d’amours sublimes, que de poésie…

Salut l’artiste

Jean-Louis VINOLO

Texte publié sur mathurin.com, avec l’autorisation de son auteur, Jean-Louis Viñolo