Brigadier ! Et le rideau de s’ouvrir…

« Le coupable est dans la salle », la victime était dans le placard ; une histoire de cocufiage qui tourne mal, dans un salon bourgeois d’avocat parisien. Scénario de série B ? Une pièce de théâtre d’Yvon Tabouret, mise en scène par Isabelle Astier qui aura su insuffler, une fois de plus, une dynamique accrocheuse dans un détournement d’action où le théâtre se met soudain en scène, public et acteurs en interaction pour la recherche de l’auteur du crime.

Comment ne pas être admiratif de voir une vingtaine de personnes porter un projet pour toute une communauté, Miquelon confirmant sa tradition de terre de théâtre, de la conception, tous éléments confondus, à la réalisation. L’on aime se retrouver, l’on aime jouer et cela se transmet. Josy, l’épouse, Raoul, le galant fougueux, Nicolas, Antoine, Jacqueline, un médecin, Bernadette, Nina, la maquilleuse, l’inspecteur, son adjoint, un vigile et derrière ces rôles, Pascale Coste, bien à l’aise dans son rôle d’épouse à l’origine d’un acte qui se révélera de jalousie ; Loïc Jeancler, Jessica Detcheverry, Gérard Deveaux, le mari trompé, Joëlle Detcheverry dont j’aurai apprécié la fougue et le plaisir communicatifs, Michel Detcheverry, Nathalie Perrot, Marjorie Gaspard, Danièle Gaspard, chargée de dénouer l’intrigue, Philippe Monti et Yannis Coste qui aura su apporter sa part de rythme enjoué.

Trois soirées consécutives à Saint-Pierre, dans une salle du centre culturel chaque fois pleine ; j’aurai donc assisté à la troisième, à l’issue d’une semaine de production culturelle variée, entre musique, poésie et théâtre pour donner le LA du printemps. Le public, en ce dimanche soir, était conquis, soulagé de n’avoir été coupable que du plaisir d’être là.

Salle, coulisses, scènes, public, acteurs bien impliqués, tout s’entremêlait avec dextérité dans les frontières abolies entre scène et coulisses. J’étais ravi d’observer, par-delà la pièce elle-même, le plaisir des planches qui soude les membres de toute une troupe, au sein de l’association Miquelon-Culture-Patrimoine. De joyeux pistolets, en l’occurrence, faisant mouche à coup sûr, tout le monde se trouvant à l’unisson pour une ultime salve d’applaudissements avant la fermeture du rideau. Une bonne façon d’inciter les uns et les autres à souhaiter, dès que possible, d’autres retrouvailles.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 avril 2010