Chronique du 24 avril 2010

Les pêcheurs Terre-Neuviens en pincent (de crabes) pour Saint-Pierre et Miquelon. Faute d’usine sur place pour leurs prises, ils se sont repliés sur celle de SPM Seafood. Une manne d’activité bien accueillie localement.

Un clin d’oeil, non voulu, avec le passé, quand nos voisins venaient chercher du travail – mieux rémunéré – dans nos îles. Ô crabe des neiges, mon coeur amoureux, me surprends-je à chantonner. « Halte-là, halte-là, comme dit la chanson. Pour une fois qu’on ne met pas tambour battant tous nos oeufs dans le même panier… Le crabe-tambour, naturellement.

Être heureux d’avoir le crabe, ce n’est pas donné tous les jours. La priorité, si l’on a bien compris le journal du Vingt heures qui s’en faisait l’écho, vu l’achalandage, sera donc de prendre son tour tôt. Comme me le confiait un plaisancier, c’est toujours bon d’avoir du crabe dans le Zodiac. (À moins qu’il n’ait voulu parler du zodiaque, le plaisantin)

Bref, la marée motrice du crabe nous redonne l’énergie que le brassage d’idées dans les éoliennes des projets fantaisistes n’a jamais pu apporter. J’en ai comme un pincement au coeur, m’a dit un pince sans rire. Bas les pattes, je ne sais plus où donner de la tête, a renchéri un crabier. Quel plaisir, en effet, d’aller de l’avant, en en mettant sur le côté. Rien de contradictoire, me dois-je de préciser, avec le fait de marcher en crabe pour aller droit devant.

Comme quoi rien n’est jamais simple.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 avril 2010