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Gianmaria Testa – Enchantement d’une découverte

« Mais qui sait où le fleuve rencontre la mer ». Non, je n’ai pas eu le bonheur d’imaginer cette phrase, sauf celui de la goûter : « Ma chissà dove il fiume incontra il mare ». Et je ne parle pas italien. Pourtant, quel plaisir d’avoir découvert Gianmaria Testa, grâce à un pote navigateur que je prénommerai B. Lui, avait eu un CD en cadeau par une amie qui avait tenu à le lui faire découvrir. Montgolfières, de s’intituler l’album qui m’aura incité à me procurer « Il valzer di un giorno », La valse d’un jour. Morceaux qui se retrouvent dans les deux albums, le premier plus orchestré, le second plus dépouillé, à deux guitares cordes de nylon. Et une voix éraillée, chaude et puissante dans les deux cas. « Je descendrai dans l’eau /limpide et rapide de ce torrent/jusqu’à ce que ma montagne/devienne plaine… » Superbe invitation au voyage que le premier titre de La valse d’un jour, au rythme riche de soleil.

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Depuis ma première écoute – deux albums passant souvent en boucle -, je suis entré dans un monde impressionniste, comme dans une série de tableaux. Couleurs, évocations, thèmes qui sortent de l’ordinaire. « Dentro la tasca di un qualunque mattino »… « Je te mettrai dans la poche d’un matin (…) et je te caresserai »… Ballade ourlée de rêves présente dans les deux albums. Un coup de cœur à vous renverser l’âme.

Et comment imaginer « un avion à voile » sans le truchement de l’imaginaire. Et la trajectoire des montgolfières ? Villes, campagnes, surprises dans l’azur, au versant des collines, tout est dans la douceur des touches et la chaleur enveloppante. L’émotion est au rendez-vous. J’étais sûr que ça allait te plaire, de rebondir ravi de son intuition mon rêveur sous spi. Nous avions fait relâche au pied du bar de chez Moha, lui en attente d’horizons vers les Açores, moi vers le possible des terres de découvrance. Eh oui, je vogue plus facilement dans une automobile. « Quando tornerai, se ritornerai sarà bellissimo »… Autre chanson, au rythme jazzy à t’emporter vers le plaisir. Ne sommes-nous pas des quêteurs d’ondulations ? Comme les vagues de la mer, autre titre, en passant. « Certains soirs ont une couleur indéfinissable (…) et ils vibrent d’un rythme lent, lent »…. Obsessions et plénitudes, mille fois recommencées comme les ondes océanes. Éclair ! « la vie est un instant… » Oui, il ne s’est pas trompé le bougre, Gianmaria Testa m’a captivé. Privilèges de ces instants où l’on partage pour ouvrir d’autres portes, émotion des découvertes. Et la musique toujours renouvelée.

Il faisait beau en ce dimanche d’avril, après un samedi de brume. Je suis sorti humer les bateaux, Gianmaria Testa plein le ciboulot. Bonheur de ces saveurs entremêlés, froidure sous l’azur ici, chaleur de la ville là, Città lunga… Vies portées par nos besoins d’accomplissements. « Sur les ponts de Romes / il y a tant d’amants (…) ils regardent l’eau qui passe… » « Chaque matin j’écoute l’aube » de chanter l’artiste italien. Beau texte – en français cette fois – que celui de la « plage du prophète » ; marche ininterrompue vers la beauté…

Eh oui, il ne croyait pas si bien dire mon capitaine matelot, seul à son bord. Il aura su me boëtter avec son CD de « Montgolfières ». À m’enchanter grand largue vers l’inattendu au long cours.

Henri Lafitte, Chroniques musicales
10 avril 2010

 Giamaria Testa, La Valse d’un jour – CD – 2001 – Le Chant du Monde

 Gianmaria Testa, Montgolfières – CD – 2004 – Le Chant du Monde