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Premier Festival de Jazz de Biarritz, Un air du large…

Il fait beau ce jour-là à Biarritz. Comme d’habitude ? On oublie qu’il pleut aussi au Pays basque. Mais je suis là devant une carte postale, bleue de mer dans un mélange azur, en arrière-plan d’une scène montée sur une place qui surplombe la plage, devant le Café de Paris, établissement classe, place Bellevue.

Sur scène, face au public nombreux, dans la brise chaleureuse de cette fin du mois d’août 2010, le Ginseng Trio, Gwenaël Lafitte,Thomas, son frère, Aurélien Pécout, musique métissée, chœur de deux guitares aux âmes fraternelles, porté par le rythme raffiné du conguero. Délice de l’écoute. Je vibre d’une corde particulière, la paternelle, pour les deux guitaristes, conquise il est vrai, nourrie d’exigence toutefois, toujours craintive d’une atmosphère qui ne se dégagerait pas. Il n’en est rien, je suis ravi, le public est conquis, les applaudissements se succèdent, en cadence. Je retiens l’adhésion, au premier rang, d’un jeune handicapé coiffé d’une casquette, qui scande le spectacle, heureux.

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Le Ginseng Trio a été invité pour la première édition du Festival de Jazz de Biarritz, mis en œuvre par une poignée de passionnés, Ivan Landrieu, le directeur général, Sandra Labastie, la présidente, Hervé Vignolles, Emmanuelle Sidobre, la responsable partenariats. Il aura capté d’entrée l’attention de l’auditoire ; une heure et demie de mélodies rythmées et nuancées, nourries avec brio du soleil des rêveries créatrices.

J’aurai été présent sur les différents lieux de prestations, y compris à l’auditorium du casino. Trois jours de ravissement, du 27 au 29 août 2010. Habitué du festival de jazz de Marciac, j’y découvre un autre agencement, réparti sur différents sites d’une ville côtière estivale, dans une formule plus condensée, trois jours…

Une réussite. Public divers, nombreux, réactif. Occasion pour moi de découvrir le Frédérick Borey Quarter, place Sainte-Eugénie. Belle accroche que cette rencontre saxo, contrebasse féminine de Camelia Ben Naceur. Le lendemain, sur la même place, Aldo Romano, à la batterie, formule trio, lui qui aura accepté de parrainer ce tout nouvel événement. Francis Lassus, batteur du regretté Nougaro, dans son approche folle et passionnée, multi-musiciens, de swings déstabilisants. Sur la même scène du Port Vieux, le lendemain, Post Image, dans une mouvance « ethno-électro-jazz » convaincante, saxo, trompette, guitare, batterie, guitare basse emportés dans une « fusion » exaltée, riche de sonorités vivement cadencées. Jean-Marie Ecay, guitariste lui aussi de Nougaro, entre autres, dans sa formule trio jazzy, guitare, contrebasse, batterie, sur la scène, près de la plage, au pied du casino. dans une prestation de grande qualité, nourrie d’une belle sensibilité. Et se trouver à deux pas de l’artiste, à proximité de la plage, faisait partie des grands plaisirs inattendus.

Puis deux spectacles – je n’aurai pas eu le temps de tout voir, les repas bousculant parfois mes plannings anticipés. Cinq scènes, 18 concerts étaient proposés à nos esgourdes. Puis deux surprises, deux chocs même, dans une salle propre à vous emporter dans un équilibre sonore à ravir les oreilles les plus exigeantes, l’auditorium du casino de Biarritz.

Le Hadouk Trio, tout d’abord. Non, je l’avoue, je ne le connaissais pas. Trois musiciens hors pair, Loy Ehrlich, clavier et hajouj marocain, entre basse profonde et sonorités oud, Didier Malherbe, au doudouk arménien, Steve Sheehan, batteur américain de haut vol. Quelle synergie ! Quel univers captivant ! Découverte !

Puis, plus déroutant encore, dans le plaisir intense, Médéric Collignon et son groupe (dont un batteur exceptionnel). Trompette et… bouche aux explorations sonores multiformes, à vous faire sauter de votre fauteuil d’enthousiasme, ce qui arriva en fait. Visite excitante de Miles Davis, cascades de trouvailles et d’imprévus, un cocktail détonant, pétant de vie.

Oui, j’aurai pris du plaisir pour cette première édition. Je retournerai sur les lieux d’un tel sens d’initiative, quand, pour se reposer dans les parenthèses off, il est un regard d’océan et l’écoute des déferlantes. « Un air du large », ne sous-titrait-il pas l’événement ?

Henri Lafitte, Chroniques musicales
16 septembre 2010